Contrat doctoral : Le punk en Bourgogne-Franche-Comté

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Informations éditées à partir d’une annonce Calenda.

Réponse attendue pour le 15/06/2021

Type d’annonce Bourse de recherche

Contacts

Le laboratoire C3S (EA 4660) recrute un(e) étudiant(e) en contrat doctoral pour trois ans, à partir du 1er octobre 2021 sur le projet CRETE (culture régionale et territoire d’expression). Celui-ci est financé par la région Bourgogne-Franche-Comté et s’inscrit au sein du programme CA-IS (cultures alternatives et imaginaires sociaux).

Sujet de thèse et enjeux scientifiques

La recherche proposée consistera à identifier les formes d’expression de la culture punk contemporaine sur le territoire régional de la Bourgogne-Franche-Comté. Pour ce faire, l’approche retenue s’inscrit dans la continuité des travaux initiés au sein de l’axe 2 (Mythes, imaginaires sociaux et cultures visuelles) du laboratoire C3S1, et de l’ANR Aiôn2, portant sur les pratiques de loisirs alternatives et leurs imaginaires.

Les cultures alternatives sont souvent associées, dans la littérature académique, à la dimension sportive (par exemple, le quidditch, le parkour, le roller derby, etc.). Elles ont pour particularité de se détacher du mouvement mainstream. Or, ces pratiques de loisir alternatif se déclinent aussi selon un axe musical, notamment par le biais de la culture punk. Plus de quarante ans après la naissance du mouvement en Angleterre (Robène et Serre, 2016), la culture punk « à la française » produit toujours des communautés, sémiotiques (Hebdige, 2008) et de pratiques (Wenger, 2009). Leur ancrage dans des sous-cultures ou des contre-cultures (Hall, 2008, Chaney, 2004) permet la création symbolique de nouvelles normes et valeurs, qui tendent à modifier l’idéologie dominante dans le champ culturel (Benett, 2012). Afin d’appréhender le punk comme culture alternative en Bourgogne-Franche-Comté, trois grands axes structurent ce projet de recherche.

En premier lieu, un intérêt sera porté à la délimitation de la culture punk régionale. En effet, la scène (Guibert et Hein, 2006) punk en Bourgogne-Franche-Comté est actuellement faiblement documentée, peu connue et mal identifiée. D’une part, ce contrat doctoral s’inscrit dans la continuité de recherches engagées par ailleurs sur l’histoire du punk en France (PIND3) et vise à pallier le manque de connaissance de cette culture régionale du punk. D’autre part, le punk étant aussi une forme de résistance et une réponse politique au système capitaliste et à la culture mainstream (Donaghey, 2016), il a également pour particularité de s’opposer aux logiques hégémoniques et de se caractériser par une dimension contestataire. La nécessité de « résister » et de proposer des « alternatives » aux pratiques dominantes sera également à étudier. Pour ce faire, la focale sera mise aussi bien sur les groupes de musique que sur les autres acteurs de la scène : publics participant aux concerts, membres d’associations, etc. L’objectif est ici de comprendre les particularités de cette scène underground régionale.

En second lieu, cette recherche étant inscrite dans le champ des sciences du sport, un axe du travail de thèse sera consacré à l’étude de l’engagement corporel lié au mouvement punk. En effet, musique vivante, le punk l’est aussi (et surtout) à travers l’utilisation faite du corps lors des concerts. Les danses punk (pogo, slam) répondent à des normes et des codes (Robène, Roux et Serre, 2019) et fournissent un cadre rituel aux soirées punk qu’il conviendra d’identifier. Cette thématique permet aussi de questionner l’esthétisme de la scène punk : entre crêtes, tatouages et T-shirts de groupes, quels sont les signes de reconnaissance qui traduisent une (ou des) identité(s) punk(s) ?

Enfin, dans ce prolongement, l’enjeu de cette thèse sera de parvenir à identifier les imaginaires (des espaces, du temps, corporels, politiques, musicaux, etc.) mobilisés par les acteurs de la scène. En effet, si le punk français contemporain est davantage l’héritier du courant des années 1980 emmené par le groupe Bérurier noir, que du punk anglais des Sex Pistols, se pose alors la question des transferts des imaginaires en jeu : quels sont les signes mis en avant par les acteurs de la scène punk en France et en Bourgogne-Franche-Comté, au regard de la scène internationale et nationale ? Le maillage et la mise en réseau des espaces de diffusion de cette culture participent très certainement à la structuration d’un imaginaire punk reposant sur des pratiques sociales, actuelles ou passées. Au-delà, la recherche proposée consistera à questionner les représentations du temps que les acteurs de la scène punk bourguignonne-franc-comtoise mobilisent. Ce travail permettra alors d’enrichir les travaux déjà initiés au sein du laboratoire sur les imaginaires du temps (Tuaillon Demésy, 2019 ; 2021).

Ainsi, cette recherche doctorale devra éclairer la construction d’une culture de l’alternatif musical en Bourgogne-Franche-Comté, en s’appuyant sur les imaginaires en jeu mobilisés par les acteurs de ce territoire. Le lien entre ancrage territorial, imaginaires sociaux et délimitation d’une scène musicale peut ici être posé sous l’angle de la construction d’une identité punk propre au territoire bourguignon-franc-comtois.

Bibliographie indicative

  •  Benett A. (2012), « Pour une réévaluation du concept de contre-culture », Volume !, vol. 9, n° 1, pp. 19-31.
  •  Chaney D. (2004), The Cultural Turn, Londres, Routledge (1re éd. : 1994).
  •  Donaghey J. (2016), Punk and Anarchism : UK, Poland, Indonesia, Thesis submitted in partial fulfilment of the requirements for the award of the degree Doctor of Philosophy, Loughborough University, England.
  •  Guibert G. et Hein F. (2006), « Les scènes métal. Introduction », Volume !, vol. 5, n° 2, pp. 5-18.
  •  Hall S. (2008), Identités et cultures. Politique des Cultural Studies, Paris, Éd. Amsterdam.
  •  Hebdige D. (2008), Sous-culture, le sens du style, trad. fr., Paris, Zones (1re éd. : 1979).
  •  Raboud P. (2016), « L’émergence du punk en France : entre dandys et autonomes (1976-81)  », Volume !, vol. 13, n° 1, pp. 47-59.
  •  Robène L. et Serre S. (2016), « « On veut plus des Beatles et d’leur musique de merde ! » », Volume !, vol. 13, n° 1, pp. 7-15.
  •  Robène L., Roux M. et Serre S. (2019), « Pogoter n’est pas jouer ? Punk, pogo et combats figurés », Ethnologie française, 175, n° 3, p. 549-567.
  •  Tuaillon Demésy A. (2021), « « Il ne faut jamais tuer l’enfant« . L’expression du temps dans la culture punk à travers l’exemple de Chez Narcisse  », Temporalités, vol. 33, à paraître.
  •  Tuaillon Demésy A. (2019), « Punks, reconstituteurs et joueurs de quidditch : temps et imaginaire dans les loisirs alternatifs », Carnet hypothèses.org Mundus Fabula, mars, en ligne : https://mf.hypotheses.org/925.
  •  Wenger É. (2009), La théorie des communautés de pratique. Apprentissage, sens et identité, Québec, Presses de l’Université de Laval.

Méthodologie de la recherche

D’un point de vue méthodologique, le travail devra être réalisé selon une approche socio-ethnographique (observations directes et participantes, recueil d’entretiens, etc.), permettant de saisir les manières d’être, de faire et les valeurs en jeu au cœur de la culture punk étudiée. Le (ou la) candidat(e) devra réaliser son terrain de recherche sur les territoires urbains (notamment Besançon, Belfort-Montbéliard, Dijon) et ruraux (Haute-Saône, Nièvre, etc.).

Portée potentielle du travail et réalisations envisagées

Ce sujet de thèse s’inscrit dans la continuité des travaux engagés au sein de l’axe 2 du laboratoire C3S. Plus spécifiquement, cette thèse viendra compléter les recherches menées au sein de l’ANR Aiôn et du programme CA-IS. Étude de cas complémentaire autant qu’outil permettant d’aborder la construction symbolique du temps, ce travail de doctorat devrait permettre d’enrichir l’analyse des cultures alternatives, sous l’angle d’une approche anthropologique de l’imaginaire du temps.

Profil attendu

Le (ou la) candidat(e) devra être initié(e) aux sciences sociales, en particulier aux méthodes de la sociologie et de l’ethnographie et aux théories sociologiques et anthropologiques. Il (ou elle) devra avoir réalisé un master recherche en sciences sociales. Le (ou la) candidat(e) devra s’approprier la littérature anglaise et disposer de qualités rédactionnelles suffisantes pour pouvoir publier dans des revues indexées en 74e ou 19e section. De plus, la personne recrutée devra prendre part à diverses activités de vulgarisation scientifique au cours de son travail de thèse.

Le contrat débutera au 1er octobre 2021, pour une durée de trois ans. Le (ou la) doctorant(e) fera partie du laboratoire C3S et sera inscrit(e) en doctorat STAPS. Le lieu de travail sera l’UFR STAPS de Besançon (31 chemin de l’Épitaphe, 25 000 Besançon). Le salaire brut mensuel est de 2073,70 €. Il s’agit d’un temps plein.

Présentation des encadrants du projet doctoral

Le (ou la) doctorant(e) sera encadré(e) par Audrey Tuaillon Demésy et par Christian Vivier.

  • Audrey Tuaillon Demésy est Docteure en sociologie, Maître de conférences en STAPS, responsable du programme ANR Aiôn (Socio-anthropologie de l’imaginaire du temps. Le cas des loisirs alternatifs) depuis 2019 et du programme régional CA-IS. Ses travaux de recherche portent sur les activités ludiques « alternatives », les cultures de résistance et les pratiques corporelles situées entre imaginaire, subculture et monde social (reconstitutions historiques, arts martiaux historiques européens, quidditch, culture punk, etc.).
  • Christian Vivier est Professeur des Universités en STAPS, directeur du laboratoire C3S. Ses travaux aspirent, à partir d’une analyse sémio-historique (affiches, photographies, BD, etc.), au dévoilement du sens des cultures corporelles aux XIXe et XXe siècles. Aux études visuelles qui représentent, depuis une quinzaine d’années, l’essentiel de ses recherches en histoire culturelle portant sur le mouvement, le corps et les pratiques sportives, il déploie également des réflexions historiographiques et épistémologiques dans les domaines du corps et du sport.

Contact

Si ce projet doctoral vous intéresse, merci d’envoyer un CV, une lettre de motivation et vos relevés de notes de master à Audrey Tuaillon Demésy (audrey.tuaillon-demesy@univ-fcomte.fr) avant le 15 juin 2021.

Votre candidature sera étudiée avec attention et un entretien pourra être envisagé à la suite (début juillet). Pour toute question ou information complémentaire, vous pouvez également utiliser cette adresse de contact.