Le numéro 20 des Cahiers de la SFSIC est en ligne, téléchargeable au format PDF.

Editorial
Le voici, le 20è numéro des Cahiers de la SFSIC !
28 ans de travaux collectifs, des centaines d’articles qui relatent des projets scientifiques, des expériences pédagogiques, des retours d’expériences avec à chaque fois la volonté de produire un numéro en prise avec les préoccupations des adhérents et de la communauté des Sciences de l’information et de la communication. Si les modalités d’édition et le format ont changé, l’esprit des « Cahiers »,impulsé par Brigitte Chapelain et Gino Gramaccia en 2007, est resté le même. Pensés pour « resserrer des liens de travail, de partage scientifique et de solidarité intellectuelle » (Brigitte Chapelain et Gino Gramaccia, Éditorial, 1er numéro, 2007), ils « témoignent de notre communauté au travail, en action et en réflexion » (Daniel Raichvarg, Éditorial, no 15, 2018) et continuent à offrir aux auteurs la possibilité d’adopter un propos « libre et ouvert » par et pour la communauté des enseignants-chercheurs en SIC mais également des professionnels de l’information et de la communication.
Ces 20e Cahiers de la SFSIC sont filés sur une année 2024-2025 riche en actualités politiques, sociales et en activités scientifiques pour les Sciences de l’Information et de la Communication et notre société savante. Les doctorales de Nancy, qui se sont tenues les 6 et 7 juin2024 en partenariat avec le Centre de recherche sur les médiations de l’Université de Lorraine, ont une nouvelle fois permis à nos jeunes chercheurs de présenter leurs travaux dans un cadre stimulant et bienveillant. L’année 2025 a également marqué un anniversaire important pour notre discipline. En effet, le XXIVe Congrès de la SFSIC qui s’est tenu à Rennes du 18 au 20 juin 2025, accueilli par le laboratoire PREFICS de l’Université Rennes 2, célébrait les cinquante ans d’existence des Sciences de l’Information et de la Communication en France. L’Assemblée Générale du 18 juin 2025a permis le renouvellement du Conseil d’Administration qui a élu Sarah Cordonnier à sa présidence. Nous félicitons chaleureusement la nouvelle présidente ainsi que tous les administrateurs élus ou réélus et leur souhaitons plein succès dans leurs missions.
Ce nouveau numéro des Cahiers est particulièrement riche, vous y retrouverez :
Dans la rubrique « Dans l’actualité », Nicolas Pélissier et Olivier Arifon coordonnent un dossier consacré à la médiatisation du conflit russo-ukrainien. L’introduction proposée par les coordinateurs rend compte de la variété des angles d’approche du sujet : décryptage des stratégies de communication affective d’Evgueni Prigojine sur Telegram (Alexander Kondratov), étude des productions des data journalistes ukrainiens et leur usage des visualisations de données (Valentyna Dymytrova), analyse de la vraisemblance des événements dans le discours médiatique et les méthodes de vérification (Philippe Bellissent) ou du phénomène viral du Saint Javelin comme arme populaire symbolique (Cyrielle Cucchi), étude de la couverture photographique des agences de presse AFP, AP et Reuters (GiselaCardoso-Teixeira). La question des « nouvelles » formes de recueil de données est particulièrement présente dans ce dossier notamment à travers l’article d’Olivier Arifon qui décrypte le rôle de l’OSINT dans la collecte de preuves ou l’entretien de Xavier Tytelman portant sur les processus d’OSINT et leurs usages. Enfin, questionner la médiatisation du conflit russo-ukrainien interroge les mutations du journalisme de guerre à l’ère numérique (entretien d’Arnaud Mercier) et les changements de la profession journalistique notamment en Russie (Vitaly Buduchev).
Dans la rubrique « Questions de recherche », Pascal Marchand analyse les rhétoriques radicales et les stratégies de négociation avec des individus radicalisés, s’appuyant sur des analyses textométriques de négociations policières de crise menées en collaboration avec le RAID. L’auteur démontre que l’engagement terroriste ne relève pas de troubles psychopathologiques mais s’inscrit dans des trajectoires de socialisation (réseaux réels et virtuels, sentiment d’humiliation, besoin d’affiliation) et une logique identitaire exclusive qui rejette les valeurs occidentales dominantes. Il souligne les défis spécifiques de la négociation en contexte de violence idéologique où les normes conversationnelles habituelles sont éclatées et où l’objectif n’est pas le compromis mais l’ouverture d’une porte de sortie de la violence.
La rubrique « Formation » propose deux contributions sur les pratiques pédagogiques innovantes en SIC. Jean-Michel Denizart et Jacques Ghoul-Samson retracent quatre années d’expérimentation autour du projet « UnivArena », une réalisation collective centrée sur l’organisation de tournois eSport à l’Université de Toulon, démontrant la légitimité pédagogique de l’eSport comme objet d’apprentissage permettant le développement de compétences techniques, communicationnelles et organisationnelles. Marianne Duquenne quant à elle analyse l’évolution de la Journée Jeunes Chercheurs du laboratoire Gériico depuis 2012, soulignant son rôle dans la formation des doctorants par la pratique, l’intégration au sein de la communauté scientifique et les nouveaux enjeux liés à la transmission, l’archivage et la valorisation des travaux de recherche.
Dans la rubrique « Mondes professionnels », Dominique Crepy retrace l’évolution historique de la communication interne en entreprise, d’une approche descendante et informative héritée du taylorisme vers une conception dialectique et interactionnelle. S’appuyant sur les travaux de Karl E. Weick et l’expérience de l’Association Française de Communication Interne (Afci), l’auteur plaide pour une communication au cœur des interactions sociales et organisationnelles, dépassant la simple transmission d’information pour favoriser la construction collective du sens (sense making plutôt que sense giving). Jessica Nascimento et Mariana Isagawa, quant à elles, relatent l’initiative prise par l’université de Toulon et de l’Université Trois Rivières au Québec, sous la direction d’Aude Porcedda (UQTR) et d’Anne Gagnebien (IMSIC, Toulon). Financée par le programme Samuel de Champlain, cette proposition réunit ainsi la France et le Québec autour d’une formation interdisciplinaire dédiée à la transition socio-écologique des institutions culturelles. Les participantes et participants (professionnel·le·s et étudiant·e·s) explorent les enjeux de l’éco-design, de l’économie circulaire et de la gouvernance responsable dans les musées. Un autre des points forts du programme réside dans la réflexion sur la décolonisation des collections et la participation citoyenne au sein des musées. Le projet offre ainsi un modèle reproductible d’école, avec ressources en ligne, pour accompagner les institutions culturelles vers une transition durable et inclusive.
Enfin, la rubrique « Carte blanche aux doctorants » rassemble huit contributions issues de la 18e édition de la Journée des Jeunes Chercheur·e·s du laboratoire Gériico, illustrant la diversité des approches méthodologiques et thématiques. Les articles y abordent l’interdisciplinarité et l’indiscipline dans la recherche (Charlotte Michalak, David Kalondji Mukendi), les pratiques de recherche-action et de collecte de données (Alphonse Niamien, Lagrane Faye, Anastasia Fetnan), ainsi que le positionnement des jeunes chercheur·e·s face aux enjeux militants et organisationnels (Magali Anglès, Charlotte Darricades).Ainsi, ce 20e numéro des Cahiers de la SFSIC témoigne de la vitalité et de la diversité des activités et recherches en SIC. En rendant compte d’initiatives scientifiques, pédagogiques et professionnelles, il illustre la richesse des perspectives qui animent notre communauté dans toutes ses dimensions et confirme le rôle important de notre société savante et de sa politique éditoriale dans le soutien, la diffusion et la reconnaissance des initiatives menées par ses chercheurs, enseignants, doctorants et praticiens.
Le comité de rédaction
Sidonie GALLOT, Aurélia LAMY, Anne GAGNEBIEN et Elise MAAS