Depuis des décennies les écrits des /sur les femmes connaissent un essor remarquable sur tous les continents. En effet, les études féministes et postcoloniales ainsi que les réflexions sur le genre ont favorisé le renouvellement des corpus et ouvert de nouvelles perspectives à leur analyse. Relevant de plusieurs domaines de la littérature, des arts et des sciences sociales, les écrits des femmes comme les écrits sur les femmes s’inscrivent dans des traditions et des théories diverses et variées.
Par ailleurs, les approches intersectionnelles permettent aussi de saisir la complexité plurielle des expériences féminines et des discours sur les femmes. Qu’elles aient pour auteur(e)s des femmes ou des hommes, ces productions invitent à renouveler l’analyse d’une catégorie de productions souvent enfermée dans des stéréotypes et à envisager de sortir d’un déterminisme ontologique essentiellement centré sur la vie et les expériences de la femme.
Pendant longtemps, les productions écrites ou artistiques des femmes n’ont pas été analysées d’abord comme des objets esthétiques mais ont été placées sous le signe de la subversion. D’ailleurs, le concept même de « littérature féminine » est à réinterroger parce que « l’acte de nommer ‘’la littérature’’ est lui-même un geste théorique dépendant en partie de catégories extérieures à la littérature. Ce que l’histoire nomme “littérature” oublie ainsi quantité d’“écritures” » (Marie-Jeanne Zenetti, « Situer la théorie », 2022 & « Théorie, réflexivité et savoirs situés », 2021). La critique littéraire a, dès le début, positionné la parole des écrivaines dans une démarche d’opposition (à la parole des hommes) et de remise en cause (d’une organisation sociale patriarcale). Elle se serait voulue une affirmation de ce qui est nié, une volonté de montrer une présence de ce que l’on cherche à cacher et une revendication d’une autre forme de présence au monde. Aujourd’hui, de multiples vocables servent à désigner les œuvres littéraires produites par les femmes : « écriture(s) féminine(s), littérature(s) féminine(s), « écriture(s) de femme(s) », « écriture(s) féministe(s), « l’écrire-femme », etc. Cette inflation terminologique traduit non seulement la difficulté à cerner la spécificité (ou non) d’une littérature essentiellement féminine mais aussi la nécessité d’orienter la réflexion vers l’existence de cette catégorie et sur comment l’aborder. N’est-il pas envisageable de parler d’une écriture féminine ou une autre forme de création dans laquelle les auteures surmontent « la spécification millénaire qui les cantonne dans leur féminité » (De Beauvoir). Autrement dit, pour avoir une liberté de création et produire une littérature, essentiellement, ne devrait-elle pas commencer par « un refus d’être femme » pour s’exprimer, quel que soit le moyen, en tant que créatrices ?
Aujourd’hui, le combat pour le droit des femmes leur a donné davantage la possibilité d’accéder à des instances de décision telles que l’Assemblée nationale, les collectivités locales, etc. Il serait donc intéressant de renouveler le regard porté sur les modes de présence des femmes (la femme-sujet, la femme-objet, la femme-voix, la femme-corps, etc.) dans l’actualité des lettres et des arts mais aussi dans la réflexion en sociologie, en philosophie, etc.
Ce numéro d’Éthiopiques entend susciter une exploration transversale et multidisciplinaire des enjeux contemporains ayant partie liée aux questions féminines en Afrique, et/ou à partir de l’Afrique. Il s’agira de donner corps aux réflexions sur les situations diverses et les expériences multiples des femmes dans le monde actuel, sur les nouveaux chemins d’émancipation frayés par elles, leur place et leurs fonctions dans la société contemporaine, mais également sur leur sensibilité particulière, leur imaginaire spécifique, leur vécu intime et les impensés.
Les contributeurs sont invités à questionner les stéréotypes en relisant les écrits des/sur les femmes. Les contributions peuvent être d’ordre épistémologique, herméneutique, heuristique, historiographique, etc. pour permettre de répondre à certaines questions :
- Que signifie être écrivaine aujourd’hui ?
- En dehors de celles traditionnelles, quelles catégories permettent aujourd’hui de dire la femme ?
- Quels sont les dynamiques de l’évolution des représentations des figures féminines ?
- Comment parler des femmes/ Parler en femmes ?
- Comment se construisent, se déconstruisent, se reconstruisent des stéréotypes du genre dans la littérature dite féminine ?
- Existe-t-il une nouvelle esthétique dans les littératures et les arts pour dire la femme ?
- Quelles sont les formes émergentes d’héroïsation des femmes ?
- Quelles sont dynamiques actuelles de réception des productions des femmes ?
Modalités de contribution
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Présentation du manuscrit :
- Le texte doit être lisible et uniforme dans la présentation, en format Word, interligne 1,5, police Times New Roman 12, et comporter entre 25000 et 30000 caractères maximum espaces compris.
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- Le manuscrit ne doit pas avoir plus de 4 titres et intertitres. Les mettre en gras.
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Insertion des citations :
- Mettre toutes les citations de plus de 4 lignes en retrait d’1 cm à gauche et à droite, sans interligne et sans guillemets. Utiliser l’option automatique de réduction des marges pour cela. Mettre ensuite entre parenthèses à la fin de la citation le nom de l’auteur, l’année de publication du texte et la page de l’extrait (exemple : Senghor, 1948 : 18).
- Toutes les autres citations de moins de 4 lignes doivent être directement insérées entre guillemets dans le texte et suivies, entre parenthèses, du nom de l’auteur, l’année de publication du texte, la page de l’extrait (exemple : Kesteloot, 2006 : 32). Les références complètes des textes et des articles cités seront mises dans la bibliographie finale.
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Notes de bas de page, bibliographie et webographie :
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- Mettre en fin d’article la bibliographie finale composée de la liste des ouvrages et articles uniquement cités, avec leurs références complètes. Mettre en italique les ouvrages et les titres de revues et autres périodiques, et mettre entre guillemets les articles ou entretiens selon les modèles suivants
- Dans le cas d’une référence à un site Internet, veuillez indiquer entre crochets le lien URL complet et la dernière date de consultation. Mettre une webographie complète à la suite de la bibliographie finale.
Exemple : http://ethiopiques.refer.sn/spip.php ?article8 [consulté le 25 juillet 2019].
Pour toute question, s’adresser à : senghorf@orange.sn et sakhosi2002@yahoo.fr
NB : Tout texte non conforme à ce protocole sera retourné à son auteur
Modalités d’évaluation
Les textes proposés sont soumis à l’appréciation du Comité de lecture qui se réserve la possibilité de solliciter, chaque fois que de besoin, l’avis d’un instructeur extérieur.
Comité de rédaction
- Pr Amadou LY Professeur émérite de Littérature africaine (Université Cheikh Anta Diop), Directeur de Publication
- Pr Cheick Sakho, Maître de Conférences de Littérature orale (Université Cheikh Anta Diop), Directeur de la rédaction
- Pr Ibrahima Wane Professeur Titulaire de Littérature orale (Université Cheikh Anta Diop),
- Pr Mamadou Ba Maître de Conférences de Littérature africaine (Université Cheikh Anta Diop)
- Pr Coudy Kane, Maître de Conférences de Littérature africaine (Université Cheikh Anta Diop)
- Pr Andrée Marie Diagne Professeur émérite de Littérature africaine (Université Cheikh Anta Diop)
- Pr Malick Diagne, Professeur de Philosophie (Université Cheikh Anta Diop)
- Pr Babacar M. Mbaye Diop, Maître de Conférences de Philosophie (Université Cheikh Anta Diop)
- Pr Alioune Diaw Maître de Conférences de littérature africaine (Université Cheikh Anta Diop)
- Pr Elhadj Malick Sy Camara Maître de Conférences d’anthropologie (Université Cheikh Anta Diop)
- Pr Pierre Mbid Diouf Maître de Conférences de Lettres Classiques (Université Cheikh Anta Diop)
Bibliographie indicative
BAZIE, Isaac et NAUDILLON, Francoise (dir.), Femmes en Francophonie : Écritures et lectures du féminin dans les littératures francophones, Montreal, Memoire d’encrier, 2013.
Cahiers d’études africaines n° 2025/3, « Agency féminine, agir féministe », Éditions de l’EHESS.
HARPIN, Tina et RAYNAUD, Claudine (dir.), (Re)lire les féminismes noirs, Études littéraires africaines, n° 51, 2021.
NAUDIER, Delphine (dir.), « Genre et activité littéraire. Les écrivaines francophones », Sociétés contemporaines, n° 78, 2010.
RAMOND, Michele, Quant au féminin, Paris, L’Harmattan, 2011.
ZENETTI, Marie-Jeanne, BUJOR, Flavia, COSTE, Marion, PAULIAN, Claire, RUNDGREN, Heta et TURBIAU, Aurore, (dir.) « Situer la théorie : pensées de la littérature et savoirs situés (féminismes, postcolonialismes), LhT n° 26, Octobre 2021.
SENGHOR Léopold Sédar, Œuvre poétique, Paris, Seuil, 2006 [1990].
GADJIGO Samba et NIANG Sada (dir.), Présence francophone, n° 71 « Ousmane Sembène cinéaste », 2008.
SEMUJANGA Josias, « La mémoire transculturelle comme fondement du sujet africain chez Mudimbe et Ngal », Tangence, n° 75, 2004, pp. 15-39.
DIOUF Mbaye, « La philosophie senghorienne du dialogue interreligieux », dans Pierre Halen et Florence Paravy (dir.), Littératures africaines et spiritualité, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Littératures des Afriques » 2, pp. 181-198, 2016.
Mots-clés
- Mots-clés
- Afrique
- Genre
- Représentations