Pratiques informationnelles et sociétés en crise

L’accès et la diffusion de l’information supposent implicitement un milieu organisé, un environnement dont les utilisateurs connaissent la structure (Juanals et Perriault, 2006). Or, dans une situation de crise (attentat, conflits, catastrophes naturelles, pandémie etc.), les conditions habituelles de fonctionnement d’une organisation ou d’une société sont souvent perturbées.

Ces situations de crises modifient le contexte dans lequel les pratiques informationnelles interviennent. Elles se caractérisent par une reconfiguration de l’environnement informationnel, brouillent les routines, conduisent à réinterroger les modalités d’attribution de la confiance dans les sources d’information, et souvent poussent les individus à une forte activité informationnelle qui leur apparaît comme indispensable pour comprendre et surmonter la crise.

L’accès à l’information permet aux individus de comprendre ce qu’ils vivent, de réduire leur niveau d’anxiété, contribuant à une meilleure appréhension des crises et de l’incertitude qu’elles engendrent (Burke, J. A., Spence, P. R., Lachlan, K. A., 2010). La recherche et la collecte d’information s’avèrent ainsi être l’une des stratégies d’ajustement au stress en contexte des crises (van Valkengoed, Perlaviciute et Steg, 2022) (Krakowska, 2020).

Les enseignements tirés des études de terrain sur la manière dont les individus acquièrent de l’information peuvent avoir des conséquences politiques, permettant de se mobiliser, de s’engager, d’intervenir démocratiquement dans les choix techniques et de contourner les stratégies de contrôle de l’information (Feenberg, 2016) afin de pallier les risques de désengagement ou de repli vers des solutions politiques autoritaires. Ainsi, des travaux ont montré que le soutien aux politiques favorables aux changements climatiques dépend, entre autres facteurs, de la perception des risques par les individus et l’influence qu’a sur eux l’exposition à l’information concernant ce sujet (Dong, Hu et Zhu , 2018).

La numérisation de la société et des activités humaines est partie prenante de ces situations. D’abord parce qu’elle introduit de nouveaux risques (IA, cyber, Iot, etc..) qui bouleversent l’environnement informationnel des individus. Ensuite parce que, comme nous l’a montré la pandémie de COVID-19, la gestion de la crise et du risque médical afférent, que ce soit à titre individuel ou collectif, s’accompagne d’une utilisation sans précédent des technologies numériques pour la production, l’accès, l’usage et le partage de l’information. Les pratiques des réseaux socionumériques affectent la perception et la confiance dans l’information, la mobilisation de l’esprit critique et, par conséquent, la circulation de théories considérées comme étant, à tort ou à raison, de nature complotiste

Les contributions à ce numéro proposeront des réflexions épistémologiques et/ou méthodologiques ainsi que des analyses issues d’études de terrain et pourront aborder, de manière non limitative, les thèmes suivants en articulant une approche informationnelle et communicationnelle :

1.  Approches croisées de l’information des crises qui pourront conduire à réinterroger les critères d’évaluation et de prise de décision à travers les notions de qualité, d’autorité, de fiabilité, d’anxiété, de confiance, etc.
2. Approche épistémologique et méthodologique des pratiques informationnelles en situation de crise permettant, notamment, de questionner les incidences sur les objets, les approches, les méthodes ainsi que les modèles (RISP, PRISM,…).
3. Et également, contributions portant sur :

• Les usages et pratiques de l’information en situation de crise : partage, production, recherche d’information, pratiques d’évitement, etc. ; rôle de l’information dans la construction et l’amélioration de la capacité adaptative des individus ou des groupes d’individus ; processus cognitifs et affectifs liés aux activités informationnelles en situation de crise.
• Les vulnérabilités, inégalités, disparités et barrières à l’accès à l’information.
• L’analyse de contextes spécifiques : crise sanitaire COVID-19, crise politique, environnementale, tensions sociales, crises migratoires, situations de catastrophes naturelles, etc.
• L’analyse des logiques d’usage et de médiation en situation de crise : place des TIC et des RSN, circulation de l’information, pratiques des intermédiaires, etc.
• Les liens entre littératie environnementale et usage des sources d’information.

Calendrier

• Envoi des intentions de publications (3000 signes max) : 2 avril 2024
• Identité des auteurs, appartenance institutionnelle, titre sur une première page et titre / texte sur la / les pages suivantes, format doc / odt anonymisé
• Envoi aux 3 adresses :
  • celine.paganelli@univ-montp3.fr
  • madjid.ihadjadene@univ-paris8.fr
  • revue@revue-atic.fr

• Retour aux auteurs sur intention de publication : courant avril
• Envoi des articles complets (35000 à 50000 signes) : 15 mai 2024

Consignes :https://www.dicen-idf.org/revue-atic/ 

• Retour aux auteurs : 2 juillet 2024
• Remise des articles définitifs : 30 octobre 2024

Consignes : https://www.dicen-idf.org/revue-atic/