Regards croisés sur les controverses environnementales : de leur émergence à leurs impacts politiques et sociaux

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Réponse attendue pour le 22/02/2024

Type de réponse Résumé

Type d’événement Colloque

Dates de l’événement
  • Du au

Lieu de l’événement 91e congrès de l’ACFAS, Ottawa , Canada

Dans le cadre du 91e Congrès de l’ACFAS, le Labfluens (Laboratoire sur l’influence et la communication) de l’UQAM, en collaboration avec l’Académie des controverses et de la communication sensible (ACCS), organise son second colloque les 16 et 17 mai prochains.

Composante incontournable de la rhétorique justificatrice des promoteurs et des opposants de grands projets comme de plus petits, l’environnement structure avec force un nombre grandissant de controverses à propos d’une multitude d’enjeux : de la gestion des ressources naturelles, en passant par l’aménagement du territoire, jusqu’aux modes de production agricoles. Si les controverses environnementales ne sont pas nouvelles – les premières traces de leur médiatisation remontent aux années 1960 (Anderson, 2013) –, on assiste à une montée de la tension sociale autour de ces enjeux, reflétant des perspectives différentes, notamment en réponse à la crise climatique. Se cristallisent entre autres les positions entre les acteurs qui prônent une solution technologique aux changements climatiques et ceux pour qui cette lutte passe inévitablement par une redéfinition de la croissance, en plus des climato-sceptiques et des dénialistes. Au regard du sentiment d’urgence qui anime la société civile, le contexte actuel est également propice à une montée de l’engagement militant et à une reconfiguration des voix qui s’expriment sur ces controverses et ce, dans une pluralité d’espaces. Une dynamique, allant de la collaboration en passant par la négociation jusqu’au conflit, se met alors en place, laissant voir des dialogues entre différentes formes de savoirs, d’intérêts, de préoccupations, ayant chacun une légitimité variable autour d’enjeux qui font débat. D’autres controverses plus ou moins directement liées aux changements climatiques génèrent des dynamiques similaires, qu’il s’agisse de la déforestation, de la gestion des ressources hydriques, de la perte de biodiversité, des énergies fossiles, du nucléaire, des organismes génétiquement modifiés, de l’agriculture ou de l’extraction minière.

Dans cette perspective, ce colloque propose d’étudier ces nouvelles configurations d’acteurs, de discours et de pratiques propres aux controverses environnementales, et ce, selon quatre axes.

1. Émergence des controverses. Logiques de cadrage et visibilité 

Le passage d’un problème public au statut de controverse est le résultat d’un travail discursif complexe qui articule la construction et la monstration d’un risque social, environnemental et économique à grand impact, et susceptible de menacer des acquis et des valeurs chers à une communauté et des promoteurs de controverses prêts à (se) mobiliser à un contexte sociohistorique particulier. Ce travail principalement affectif s’inscrit dans une logique de cadrage/contre-cadrage, voire de polarisation, pour l’obtention de la visibilité et de la reconnaissance publique de l’objet en litige. Cet axe abordera également le mouvement inverse, en lien avec des stratégies d’évitement de la survenue d’une controverse, ou d’invisibilisation de celle-ci. Seront ainsi acceptées des contributions qui s’intéresseront à la prévention des controverses, notamment par des pratiques visant à contenir et à restreindre les débats dans certaines sphères (techniques et scientifiques).

2. Circulation des controverses et dynamiques de médiatisation

Les médias, autant traditionnels que numériques, en tant qu’instances de médiation et de médiatisation, participent activement à la visibilité, allant du déni à l’exacerbation des tensions entre parties prenantes dans le cadre d’une controverse. Ils mettent en liens les différents acteurs, montrant les relations d’association et d’opposition qui se déploient, tout en jouant également un rôle central dans la construction de leur légitimité et celle de leurs discours. Cet axe accueillera les contributions qui aborderont autant la mise en scène/en spectacle de la controverse, les relations médiatisées entre différentes catégories d’acteur que les dynamiques de circulation des discours et des positions autour de la controverse dont l’organisation et la configuration variera en fonction des espaces, notamment numériques.

3. Retombées des controverses. Dimensions politiques, sociales et environnementales  

Les pratiques des promoteurs de controverse tout comme ceux qui tentent de la contenir s’articulent à des visées où s’entremêlent influence de l’agenda politique, prise de conscience environnementale, évolution des comportements sociaux et développement économique et industriel. Considérant qu’il y a souvent un monde entre les retombées voulues et celles effectives, cet axe s’attachera à étudier spécifiquement l’articulation entre ces deux ordres de retombées. Il posera un regard sur l’efficacité des actions de communication entreprises comme sur les apprentissages réalisés par les acteurs de la controverse. Cet axe accueillera également les contributions qui, plus largement, réfléchiront à partir de cas concrets sur ce que produisent les controverses environnementales sur les relations et les liens sociaux entre acteurs d’une communauté, sur les dynamiques de discussion, de délibération et de participation publique, et sur les processus décisionnels des acteurs privés ou publics.

4. Regard réflexif sur l’étude des controverses environnementales. Considérations théoriques, éthiques et méthodologiques 

Cet axe propose d’étudier l’objet scientifique « controverses environnementales » au prisme des réflexions théoriques et méthodologiques qu’il suscite. Il pourra notamment accueillir des contributions qui s’intéressent à la façon dont les enjeux environnementaux réinterrogent les principales théories sur les controverses. Cet axe permettra en outre de réfléchir à l’apport de disciplines variées - sociologie, science politique, communication, sciences de la gestion, sciences de l’environnement – à la compréhension de cet objet et à la nécessité (ou pas) de poursuivre une démarche interdisciplinaire. Cet axe proposera également des travaux visant à discuter de leur démarche d’analyse, des écueils méthodologiques et éthiques propres à l’étude des controverses environnementales. La pertinence de l’articulation de différentes méthodes pour saisir la diversité des discours et des acteurs impliqués dans des controverses environnementales est aussi une piste à développer dans cet axe.

Les contributions attendues pour ce colloque devront ainsi aborder l’un ou l’autre de ces axes qui s’articulent, pour les trois premiers, autour du déploiement temporel d’une controverse environnementale, de son émergence à ses retombées, et, pour le dernier, à une perspective réflexive sur l’objet d’étude. Elles chercheront à contribuer à la caractérisation protéiforme de ce type de controverses qui, loin d’être stables, varient en fonction de l’objet débattu, des acteurs, des rapports de pouvoir, des espaces de discussion et des contextes, surtout au regard de la crise climatique actuelle. La mise en commun des recherches présentées montrera ainsi le dialogue continu entre les perspectives analytiques plus classiques sur ces phénomènes (sociologie pragmatique et Science and Technologies Studies) avec des approches plus récentes : psychologie environnementale, éthique, géographie critique, écoféminisme, économie politique, rhétorique.

Format attendu des propositions de communication 

Avant jeudi 22 février 2024 envoyer à labfluens@uqam.ca une proposition de 500 mots ou 3000 caractères maximum, comprenant :

  • Les noms, institutions et adresses courriels des participant.e.s ;
  • Un titre ;
  • Un résumé de la contribution proposée comprenant la mise en avant de la problématique, des méthodes, du/des terrain(s) ainsi que des principaux résultats, et l’axe dans laquelle s’inscrirait la contribution ;
  • Une courte bibliographie indicative.

Calendrier prévisionnel 

  • 22 février 2024 : date limite pour la soumission d’une proposition de communication
  • 27 février 2024 : notification aux auteur.e.s de l’acceptation ou du refus de leur proposition
  • 31 mars 2022 : date limite pour s’inscrire au congrès de l’ACFAS (avec tarif préférentiel)
  • 3 mai 2024 : remise des textes des communications (maximum 6500 mots)
  • 16 et 17 mai 2024 : colloque à l’Université d’Ottawa

Comité organisateur

  • Olivier Turbide, Labfluens, UQAM
  • Camille Alloing, Labfluens, UQAM
  • Vincent Fournier, Labfluens, UQAM
  • Julien Pierre, Labfluens, Université de Sherbrooke
  • Stéphanie Yates, Labfluens, UQAM

Mots-clés