Entre la recherche et l’action : intentionnalité, collaboration et transformation

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Informations éditées à partir d’une annonce Calenda.

Réponse attendue pour le 01/06/2021

Type de réponse Résumé

Type d’événement Colloque

Dates de l’événement
  • Du au

Lieu de l’événement Esplanade Erasme, Université de Bourgogne , Dijon

Ce colloque s’inscrit dans le prolongement des réflexions et échanges de deux précédentes rencontres autour de la recherche en action : « Faire avec et pour : quelle posture du·de la chercheur·se dans la recherche en action ? Du terrain à l’épistémologie » (2019) et « Le savoir de l’action. Quand le terrain se met en recherche » (2020). Ces journées interrogeaient respectivement la posture du·de la chercheur·se au regard des acteur·rices et ses implications sur le statut des connaissances produites. Elles questionnaient les conditions épistémiques, méthodologiques et pratiques de la recherche en action en liant le terrain et la réflexivité des acteur·rices. S’inscrivant dans la continuité des réflexions sur les relations entre chercheur·ses et acteur·rices, cette troisième rencontre est l’occasion de mettre en lumière différents processus impliqués dans les démarches de recherche-action : les transformations, l’intentionnalité, la collaboration.

Argumentaire

La transformation au cœur de la recherche-action

Les intentions de transformation sur le terrain font de la recherche-action un outil cognitif et politique de production de connaissances tel qu’a pu le concevoir John Dewey (1939) pour qui l’enquête sociale consiste à accompagner et à trouver des solutions, plutôt qu’à chercher des vérités. Elle est ainsi considérée comme une alternative aux recherches à dominance positiviste (Lenoir, 2012). La recherche-action continue de se construire au gré des études menées selon des positionnements méthodologiques et épistémologiques hétérogènes. Dernièrement, cette démarche s’est enrichie d’un questionnement concernant les échanges et les modalités relationnelles entre les acteur·rices et les chercheur·ses. Ces évolutions nous invitent à penser de nouvelles épistémologies par lesquelles chercheur·ses et acteur·rices entrent dans un rapport de co-production des connaissances (Coenen, 2012) et interrogent la scientificité des savoirs pratiques et la légitimité des savoirs non-scientifiques et qui incite à la production de savoirs intelligibles et applicables sur le terrain. La recherche par l’action s’inscrit ainsi dans une perspective de transformation collaborative d’une situation donnée. Cette troisième rencontre sera l’occasion d’interroger, dans un premier axe de travail, la nature ou le type de transformation dont la recherche-action est génératrice.

D’autre part, cette dimension transformatrice implique un certain degré d’intentionnalité et d’engagement mutuel entre chercheur·ses et acteur·rices qui constitueront les deuxième et troisième axes de réflexion.

L’intentionnalité dans la démarche

La recherche par l’action se met en place au carrefour entre chercheur·ses, acteur·rices et terrain. C’est dans cet espace que se définissent les buts et objectifs de la recherche et que se croisent des intentions multiples voire contrastées. Ces intentions s’imbriquent dans des dispositifs préexistants à la recherche (Monceau, 2016) et peuvent aussi évoluer en fonction du contexte institutionnel, social, politique ou des relations entre les participant·es. Ces évolutions et rencontres d’intentions peuvent contribuer, en tant que telles, à une transformation des actions de terrain et d’une recherche qui s’élabore. Elles peuvent également changer les modalités de la recherche qui peut ainsi être repensée, adaptée ou transformée dans cette dialectique d’intentionnalités sur le terrain. Ce deuxième axe de travail propose d’explorer quelques-uns des enjeux de l’intentionnalité des chercheur·ses et acteur·rices et ses incidences sur la démarche.

L’engagement mutuel : constituer des réseaux ou communautés de recherche ?

Enfin, la recherche par l’action se réalise à travers des modalités participatives et des degrés d’engagement qui dépendent des objectifs et des positionnements de chacun·e. Différents types de recherche-actions peuvent être mises en place autour de diverses modalités d’engagement avec les sujets et dans le monde (Ingold, 2013). C’est alors le degré de participation des chercheur·ses et des acteur·rices qui est mis à penser (Giddens, 1987, Vinatier & Morrissette, 2015). Il peut s’appréhender du côté de la prise en compte des actions ou créations des acteur·rices ou d’une visée participative ou collaborative. Cet engagement réciproque peut également impliquer la constitution d’une communauté de recherche ou d’un collectif œuvrant vers la transformation sur un terrain donné. Nous posons ainsi la question, dans ce troisième axe de travail, de la construction du rapport entre le·la chercheur·se et les acteur·rices et de la manière de concevoir le niveau d’implication ; deux éléments qui peuvent influer sur les modalités de la recherche : faire avec, faire ensemble ?

La visée transformative de la recherche-action peut se jouer à la fois dans les interactions entre chercheur·ses, acteur·rices et terrain et dans la dynamique de la recherche. Nous proposons d’interroger la démarche de recherche-action du point de vue de son processus, de ses entraves, perturbations, improvisations et transformations multiples. Un processus de co-construction du terrain de recherche, mais également de la démarche de recherche même, au regard des situations rencontrées (Kagan, 2007).

Axes de travail

  • De quels types de transformations la recherche-action peut-elle être génératrice ? Quel est le statut des savoirs et des connaissances produites, au regard du type de transformation ?
  • Quelles intentions du·de la chercheur·se et des acteur·rices prennent place dans la collaboration ? Comment sont-elles modifiées ou clarifiées par la confrontation avec les réalités du terrain ?
  • Quelle est la relation entre la transformation de la réalité et le degré d’engagement des chercheur·ses et acteur·rices sur le terrain ?
  • Dans quelles mesures ce processus peut-il permettre de constituer des communautés de recherche et d’action par une intention commune ?
  • Quelles limites peut-on envisager, comment, quand et pourquoi les définir ?

Modalités de soumission

Ce colloque souhaite engager une approche transversale de disciplines habituellement cloisonnées : confronter des interventions discursives à des performances, réaliser des ateliers provoquant des rencontres imprévues et favoriser des dispositifs permettant, à cette occasion aussi, d’apprendre en faisant.

Nous encourageons des contributions venant de tout point de vue disciplinaire (Droit, Gestion, Économie, Politique, Architecture, Sociologie, Psychologie, Philosophie, Recherche-Création, Agro-Environnement, Santé, STAPS, etc.) afin de favoriser une discussion large et innovante.

Les communications pourront proposer différents formats d’interventions : des communications plénières, des tables rondes durant lesquelles des intervenant·es pourront partager leurs expériences et questionnements dans un échange avec les participant·es, ou des performances créatives où l’action sera vécue et partagée. Étudiant·es, doctorant·es, chercheur·ses ou acteur·rices sont invité·es à communiquer.

Pour proposer une contribution, envoyez avant le 1er juin 2021 à l’adresse recherche.en.action@gmail.com un unique document contenant :

  • Votre fonction et institution d’origine, le cas échéant ainsi que votre adresse électronique
  • Une brève bibliographie professionnelle (100-200 mots)
  • Votre préférence de format (communication plénière en panel, table-ronde ou performance)
  • Votre contribution selon le format suivant :
    • Communication plénière en panel : un titre, un résumé (max. 500 mots), 5 mots-clés maximum, 5 à 10 références bibliographiques.
    • Performance : projet de performance artistique (max. 500 mots) ou présentation de supports créatifs, 5 mots-clés maximum. *Merci d’apporter vos propres supports ou matériel. Selon les cas, le comité pourra vous fournir une partie du matériel, selon les demandes et les besoins. 
    • Table ronde : titre, présentation de la thématique ou du questionnement proposé pour un échange libre avec les participant·es (max. 500 mots), 5 mots-clés maximum, 5 à 10 références bibliographiques.

Pour toute question concernant l’appel, n’hésitez pas à écrire à recherche.en.action@gmail.com. Nous serons ravi·es de vous répondre.

Calendrier

  • Date limite de soumission des propositions : mardi 1er juin 2021
  • Retours du Comité scientifique sur les contributions retenues : mi-juin 2021
  • Échange avec les intervenant·es pour l’organisation du colloque : fin-juin et début septembre 2021
  • Colloque : 1er et 2 octobre 2021 (Dijon). Le colloque se tiendra sur place et pourra être décalé en fonction de la situation sanitaire. Nous aménagerons des possibilités d’intervention à distance dans tous les cas.

Comité scientifique

  • Alicia Landbeck (Psychologue Clinicienne, Doctorante, Laboratoire Psy-Drepi, UBFC)
  • Stéphanie Nguyen (Psychologue Clinicienne, Psychothérapeute, Doctorante, Laboratoire Psy-Drepi, UBFC)
  • Bastien Charaudeau Santomauro (Juriste, Doctorant en Droit, École de droit de Sciences Po)
  • Victorine Dréau (Architecte DE, Ingénieure, Doctorante Architecture et Ville, Laboratoire Architecture Anthropologie UMR LAVUE – ED 395 Nanterre – ensaplv)

Bibliographie

BAZIN H. (2014), « Architecture fluide, mobilité urbaine et recherche-action », mai 2014. Disponible sur : http://recherche-action.fr/hugues-bazin/download/rapports%20de%20recherche/2014_Recheche-action-24h-Chrono.pdf

COMMAILLE J. (2013), “Les nouveaux enjeux épistémologiques de la mise en contexte du droit.” Revue interdisciplinaire d’études juridiques, 2013/1, vol. 70, 62–69. https://doi.org/10.3917/riej.070.0062 SMASH.

CORSANI A. (2020), Chemins de la liberté. Travail entre hétéronomie et autonomie, Éditions du croquant, Paris, 2020.

DEWEY John (1939), Logic. The Theory of Inquiry, New York, Henry Holt and Company, traduction en français : Logique. La théorie de l’enquête, Paris, Presses Universitaires de France, 1993.

GRELL P., WERY A. (1981), “Problématiques de la recherche-action », International Review of Community Development / Revue internationale d’action communautaire, 123–130. https://doi.org/10.7202/1034886ar SMASH

INGOLD T. (2013), Marcher avec les dragons, Zone Sensibles, Bruxelles.

VINATIER I. & MORRISSETTE J. (2015), « Les recherches collaboratives : enjeux et perspectives », Carrefours de l’éducation, 2015/1, n°39, 137-170. https://doi.org/10.3917/cdle.039.0137 SMASH

LENOIR Y. (2012), « La recherche collaborative entre recherche-action et recherche partenariale : spécificités et implications pour la recherche en éducation », Travail et Apprentissage, n° 9, 14-40.

COENEN, H. (2001), « Recherche-action : rapports entre chercheurs et acteurs », Revue internationale de psychosociologie, 2001/16-17, vol. VII, 19-32. https://doi.org/10.3917/rips.016.0019 SMASH

MONCEAU, G. (2016), « Transformations sociales et recherche-intervention », dans Jean-François MARCEL J.-F. (éd.), La recherche-intervention par les sciences de l’éducation : Accompagner le changement, Éducagri éditions, 209-222. https://doi.org/10.3917/edagri.marce.2016.01.0209″ SMASH

GIDDENS A. (1987), « La constitution de la société », Presse Universitaires de France.

KAGAN C., LAWTHOM R., SIDDIQUEE A., DUCKETT P. & KNOWLES K. (2007), “Community psychology through community action learning”. In BOKSZCZANIN A. (ed.) Community psychology ; Social change in solidarity. Poland : University Opole.

MORRISSETTE J. (2013), « Recherche-action et recherche collaborative : quel rapport aux savoirs et à la production de savoirs ? », Nouvelles pratiques sociales, vol. 25, n° 2, 35-49. [En ligne] http://www.erudit.org/revue/nps/2013/v25/n2/1020820ar.pdf

PERELMAN J. (2014), “Penser la pratique, théoriser le droit en action : des cliniques juridiques et des nouvelles frontières épistémologiques du droit.”, Revue interdisciplinaire d’études juridiques, 2014/2, vol. 73, 133-53. https://doi.org/10.3917/riej.073.0133 SMASH.

RINGELHEIM J. (2013), “Droit, contexte et changement social.” Revue interdisciplinaire d’études juridiques, 2013/1, vol. 70, 157–63. https://doi.org/10.3917/riej.070.0157 SMASH.

VINATIER I. (2010), « L’entretien de co-explicitation entre chercheur et enseignants : une voie d’émergence et d’expression du sujet capable », Recherches en éducation. Horssérie, n° 1, 111-129. [En ligne]

LEWIN K. (1946), “Action Research and Minority Problems”, Journal of Social Issues, vol. 2, n° 4, 34-46.