Penser le lien : regards croisés sur les dispositifs numériques de médiation de la nature

Journée d'étude du Groupe de Recherche MIMESIS

Type d’événement Journée d’étude

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Porté par les sciences de l’information et de la communication, MIMESIS croise plusieurs regards disciplinaires qui se rencontrent autour d’un objet commun : la médiation numérique de la nature et de la biodiversité. Les chercheurs et chercheuses associées au projet viennent de l’informatique, de la sociologie et de l’écologie. Lors de nos échanges, la problématique du lien est apparue centrale dans nos différentes disciplines et au cœur de ce projet de recherche. C’est pourquoi nous organisons une journée d’étude transdisciplinaire sur ce thème, afin de nourrir nos réflexions communes.

La notion de lien, un concept transdisciplinaire

La notion de lien semble traverser les frontières disciplinaires et pouvoir être travaillée à la fois en informatique (données liées, liens hypertextes, interface hommes-machines, etc.), en écologie (liens inter-espèces, à l’environnement, etc.) ou en sciences humaines (lien social, théorie des réseaux, lien faible, lien affectif, lien phatique, lien interindividuel, lien à la nature, lien symbolique, etc.). Elle renvoie rapidement aux problématiques de communautés, d’interactions, de relations, de médiations, de réseaux, notions qui elles-mêmes sont largement transdisciplinaires. Dans sa définition, le lien est d’abord considéré dans sa matérialité : objet qui attache, avant d’être étendu par analogie à une dimension immatérielle : ce qui assure la relation. Il peut avoir une connotation positive : créateur de solidarité, ou négative : ce qui contraint, limite, entrave ; être considéré comme inné : le lien familial ou comme nécessitant une construction : faire le lien, construire un lien. Penser le lien amène donc à s’intéresser, non pas aux objets cantonnés à leur identification (Descola, 2005) mais bien à observer leurs relations, ce qui les relie les uns aux autres, ce qui fait tenir un ensemble hétérogène d’éléments, et assure la cohésion même de manière fugace (Latour, 1999).

Les liens à la nature

Les rapports des êtres humains à la nature se complexifient et évoluent rapidement. Biodiversité, anthropocène, transition écologique, mais aussi injonction à la participation, développement du numérique, des réseaux sociaux numériques conduisent à réfléchir de manière toujours plus complexe à comment les différents éléments s’articulent. Poser la question du lien ouvre alors un vaste champ de pistes de recherches.
Cette journée d’étude se propose donc, dans une perspective interdisciplinaire, de développer une réflexion sur le lien à travers trois entrées principales :

  1. Les visions extensives du lien : ouverture et élargissement des liens à travers l’entrée de nouveaux acteurs (humains, mais aussi non-humains), objets, données, échelles. Nous pouvons ici penser à des recherches portant sur la place de l’amateur et du citoyen en science participative, aux nouvelles collaborations qui se mettent en place entre acteurs, mais aussi aux données locales collectées pour servir des enjeux internationaux d’effondrement de la biodiversité et aux possibilités d’intégration des acteurs non-humains dans ces dispositifs.
  2. Les limites et ruptures du lien : difficultés structurelles du lien, mécanismes de déliaisons, échec du lien, processus de rétrécissement et de fermeture. Par exemple, en abordant la problématique des communautés naturalistes fermées (exigence du statut d’expert), les questions techniques, informatiques, structurelles ou financières susceptibles de rompre ou de limiter les liens.
  3. Qualité et intensité du lien : catégorisation des types de liens, gradation de la solidité/fragilité des liens, caractère pérenne ou éphémère. C’est le cas lorsque l’on interroge le lien autour des idées de liens forts et de liens faible, de nœuds plus ou moins centraux, de conditions de maintien des liens sur le long terme.
  • DESCOLA, P. 2005. Par-delà nature et culture. Paris, France : Gallimard. ISBN 978-2-07-077263-6.
  • LATOUR, B. 1999. Politiques de la nature : comment faire entrer les sciences en démocratie. Paris : La Découverte.