Vers une généalogie de la notion de design : pour une lecture critique de l’idée de fonction

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Event place ENSI-Les Ateliers, Paris 75

« L’homme qui ne voit dans la mode que la mode est un sot » : c’est en ces termes que Balzac instruit la question de la mode dans son Traité de la vie élégante, questionnement qu’il poursuit dans sa Théorie de la démarche. Nous pourrions décliner la formule de l’écrivain et se demander si celui qui ne voit dans le design que la forme de l’objet est un sot.

Comme la mode ne se réduit pas au goût du jour, le design ne se limite ni à l’objet, ni à la forme de l’objet. Tous deux interrogent le cadre de nos formes sociétales, autrement dit nos interactions. Il s’agira de réfléchir lors de ce colloque sur la place de la fonction et de son usage, qu’il soit productif ou improductif, en envisageant l’objet comme dispositif fondamentalement socialisant.

L’objet, qu’il soit objet d’art, objet industriel, objet exposé, objet à la mode, objet stylisé, objet standardisé, objet classifié, objet technique…, est un moyen d’interroger notre espace social, la place de l’individu dans cet espace et l’usage qu’il fait des artefacts qui l’environnent dans ce cadre social. Toutes ces pistes sont aussi l’occasion de réfléchir sur les moyens d’éviter le piège du déterminisme fonctionnel selon lequel la forme et la fonction seraient à appréhender dans un rapport purement causal. Ou bien la fonction déterminerait la forme, ou bien la forme déterminerait la fonction. Ici, nous tenterons d’envisager plus largement le cadre sociétal produisant ce lien forme-fonction, sans l’inscrire nécessairement dans une relation de finalité articulant moyen et but.

Notre intention est d’étudier dans quelles mesures le design aborde de manière critique la notion de fonction en vue de se soustraire aux normes sociales et au rôle que tiennent les objets dans la vie de tous les jours, poursuivant l’idée d’usage improductifque Georges Bataille utilise dans La notion de dépense. Les usages improductifs pourraient nous permettre d’envisager une fonctionnalité nouvelle contestant le triptyque classique forme/fonction/usage sur lequel s’appuie traditionnellement le design. Et si le propre de l’objet n’est plus le mode d’existence auratique de l’œuvre d’art, la notion d’usage improductif ne permettrait-elle pas alors de déconditionner l’individu dans l’usage de ses pratiques quotidiennes ?

Ce colloque aura donc pour vocation d’établir une lecture critique de la fonction en design à partir de trois axes disciplinaires :

  • L’architecture et le design avec des théoriciens et praticiens modernes, postmodernes et contemporains tels que Gropius (Architecture et société), le Corbusier (Vers une architecture, L’Art décoratif aujourd’hui), Loos (Ornement et crime, Les superflus, Comment doit-on s’habiller ?), Sullivan (Pour un art du gratte-ciel), Sottsass, Mendini (Écrits), Branzi (Nouvelles de la métropole froide : design et seconde modernité), Ugo la Pietra, l’école Global Tools, Dunne & Raby, Noam Toran…
  • La littérature, la critique d’art et la philosophie avec des auteurs ayant pensé l’objet dans ses dimensions socialisantes, la marchandise, la mode, la reproductibilité, l’ornement, le décoratif, le style, la modernité et ses valeurs esthétiques, la productivité et la dépense, tels que Balzac (Traité de la vie élégante et Théorie de la démarche), Zola (« Les Repoussoirs », Roman expérimental) Baudelaire (Le Peintre de la vie moderne), Simmel (Das Problem des Stiles, Soziologische Ästhetik ou Berliner Gewerbe-AusstellungLe cadre un essai esthétique, Esthétique et sociologie, Philosophie de la mode, Tragédie de la culture), Benjamin (Paris, capitale du XIXème siècle, L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique), Kracauer (L’Ornement de la masse : essais sur la modernité weimarienne), Bataille (La Part maudite, Écrits sur l’art), Klossowski (La Monnaie vivante).
  • La biologie et l’éthologie, à travers les questions de l’ontogenèse, de la norme et de l’anomalie, de la ressemblance et de la dissemblance, de l’apparaître, voire du camouflage, notamment chez des auteurs comme Buffon (et sa notion de « moule intérieur »), Canguilhem (La Monstruosité et le monstrueux, Le Normal et le Pathologique), Uexküll (Théorie de la signification) ou encore Portmann (La Forme animale)

Le colloque, soutenu par l’Institut Universitaire de France (IUF), l’UR 4414 de Paris Nanterre, l’ESAM de Caen et le Centre de recherche en design (ENSCI-Les Ateliers ENS Paris-Saclay), est ouvert à tous les champs disciplinaires. Il s’inscrit dans le cadre général d’un programme de recherche (IUF-Orchid-ANR-NSC-Taiwan) sur la question de l’objet littéraire, d’art, de consommation… Il fera l’objet d’une publication.

Vous pouvez envoyer vos propositions d’une vingtaine de lignes selon le calendrier qui suit à : a.belaid@esam-c2.fr alainmilon@neuf.frg.schllr@hotmail.com,

Calendrier

  • Date limite de l’envoi des propositions avec un court cv : 30 septembre 2021
  • Langue de communication : français, anglais, allemand, chinois
  • Sélection des communications : 30 novembre 2021
  • Colloque le 24-25 mars 2022
  • Lieu : ENSCI-Les Ateliers (École Nationale Supérieure de Création Industrielle (Paris)

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