Revue Politiques de Communication

La mise en affaire des « violences sexistes et sexuelles »

Réponse attendue pour le 15/10/2024

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Dans le sillage du mouvement #MeToo, la catégorie de « violences sexistes et sexuelles » s’est imposée dans les débats publics[1]. La médiatisation des « affaires » qui associent ces faits de violences à des personnalités publiques fait circuler cette formule qui était jusque-là confinée à des usages juridico-institutionnels[2] dans le débat public. Les « affaires » Dominique Strauss-Kahn (DSK) (Bertini, 2011 ; Delphy, 2011 ; Matonti, 2012 ; Carbou, 2015 ; Rabatel et al., 2015 ; Biressi, 2018), Baupin (Jérôme, 2019 ; Buisson, 2022a), Polanski (Moro, 2021), et outre-Atlantique, Weinstein (Boyle, 2019), sont devenues des« événements médiatiques » (Champagne, 2011)qui fonctionnent à plusieurs égards comme des « références culturelles »[3] permettant de se saisir des problèmes sociaux tels qu’ils apparaissent dans le débat public (Gusfield, 2009). Ces affaires ont généré des débats autour de la prévalence des agressions sexuelles, de leur définition – notamment autour des conditions de formulation du consentement (Fraisse, 2007 ; Angel, 2021 ; Serisier, 2021 ; Pérona, 2022) – et de leur prise en charge institutionnelle (Boussaguet, 2009 ; Delage, 2017). Elles ont eu des effets sur la sphère publique qui restent à analyser : des effets législatifs, avec la Loi Schiappa du 3 août 2018 en France, la mise en place de commissions spéciales, à l’instar de la CIVISE qui analyse les violences qui se tiennent au sein de l’Église catholique, mais aussi des effets sur l’image publique des personnes accusées. Ces affaires peuvent manifester une volonté collective de lutter contre des abus de pouvoir mais aussi d’apparaître comme un contrecoup – un backlash (Faludi, 1991) – qui réactive les « mythes sur le viol » (Burt, 1980 ; Estrich, 1987 ; Lonsway & Fitzgerald, 1994), remet en question des avancées féministes, et légitime des discours antiféministes (Grannis, 2019). Elles mettent en exergue les luttes idéologiques[4] qui se jouent autour de la définition des rapports sociaux de genre, de sexualité, de race, et de classe (Hall, 2016). En d’autres termes, ces luttes définitionnelles reflètent la manière dont les inégalités structurelles conditionnent l’accès à la sphère publique et la charge politique associée au problème (Horeck, 2004).

Nous partons du postulat que les « affaires de violences sexistes et sexuelles » constituent, à l’instar des « scandales » de santé publique (Marchetti, 2010), un révélateur pour analyser le rôle des médias dans la construction des problèmes publics (Neveu, 2022). En effet, les affaires judiciaires peuvent déclencher un traitement médiatique exceptionnel (ex : affaires DSK) ; à l’inverse, le traitement médiatique sous la forme d’une « affaire » peut déboucher sur sa judiciarisation (par exemple, les affaires Baupin et Weinstein). Une « affaire médiatique » peut aussi répondre à des évolutions sociales et culturelles (comme l’affaires Polanski) ou à une incapacité de prise en charge judiciaire ou politique (c’est le cas de l’affaire Hulot). Plus précisément, ce dossier ambitionne de répondre aux questions suivantes : comment la « forme affaire » (Boltanski, Claverie et al.,2007) et les cas de « violences sexistes et sexuelles » médiatisées peuvent-ils s’alimenter mutuellement ? D’après de Blic et Lemieux (2005), l’affaire se distingue d’autres formes médiatiques, comme le scandale (Champagne, Marchetti, 1994 ; Henry, 2007), la crise (Dauvin, 2006), ou le procès (Cuklanz, 1996), par la mise en relation médiatique d’une accusation et d’une contre-accusation. Là où le scandale se constitue autour d’une dénonciation, l’affaire prend forme autour de deux camps, clairement définis et personnifiés par les acteurs sociaux mis en cause. Elle est un « événement », au sens de son acception par les sciences sociales (Bensa et Fassin, 2002), puisqu’elle est à la fois permise et conditionnée par ses médiatisations. Nous appréhendons l’« affaire de violences sexistes et sexuelles » comme un évènement médiatique défini à la fois par les faits rapportés et les personnes qui s’y rattachent. Nous interrogerons la manière dont les médiatisations des « affaires de violences sexistes et sexuelles » passent par le format de l’affaire, et à l’inverse, nous nous demanderons comment la « forme affaire » configure leurs cadrages médiatiques.

Aussi, puisque pour l’accession au rang « d’affaire » une médiatisation est nécessaire, il nous semble utile de nous appuyer sur le concept de « culture de la célébrité »[5] pour travailler cette notion. En effet, l’affaire implique le plus souvent une personne célèbre mais peut aussi rendre un·e agresseur·se ou un·e victime célèbre. Si la célébrité peut être pensée comme un capital de visibilité, la mise en affaire est un processus éclairant pour interroger la manière dont certain·es acteur·ices sociaux impliqué·es deviennent célèbres, mais aussi comment ces représentations peuvent être mises, ou pas, sur un pied d’égalité par les publics impliqués.

Cette hypothèse de travail étant posée, elle nous invite à interroger la nature et le profil des protagonistes susceptibles de contribuer à la mise en affaire. Quels groupes, quels « personnages » sont susceptibles d’accéder au débat public lorsqu’il est question de violences sexistes et sexuelles ? Il s’agira ainsi de questionner la double logique de personnification qui s’opère à travers la mise en affaire. D’une part, la mise en affaire médiatique fait écho à l’affaire juridique, qui met dos à dos deux entités individualisées. D’autre part, la construction discursive de la célébrité s’opère au moyen d’un processus de personnification. Pour reprendre les termes de Dyer (1998), les personnalités publiques incarnent des figures porteuses de significations idéologiques. Par exemple, Harvey Weinstein est présenté comme un « porc » monstrueux et cette représentation façonne en partie les mobilisations digitales qui émergent à la suite de la publication de l’affaire : le hashtag #BalanceTonPorc. Cette personnification de l’homme abject fait reposer la responsabilité sur l’individu et limite une compréhension des violences comme inscrites dans des rapports de pouvoir structurels. Nous pourrons aussi questionner les modalités selon lesquelles la culture de la célébrité vient travailler les « affaires » dans des contextes culturels et nationaux particuliers. En outre, les contributions pourront interroger les affaires médiatisées, ou encore la notion de « tribunal médiatique » présentée par certain·es critiques du mouvement #MeToo comme une « dérive » qui évacuerait le droit à la procédure prévue par la loi.

Par ailleurs, si la notion d’« affaire » est très utilisée par les médias francophones, ce n’est pas le cas dans toutes les langues. On parlera par exemple d’affaire Weinstein ou d’affaire Nassar[6], là où la langue anglaise mobilisera plutôt les termes de scandal (scandale), dans le cas de Weinstein, et de trial (procès), dans le cas de Nassar. Ainsi, il sera utile d’interroger les circulations et les traductions du terme « affaire » et leurs effets sur la prise en compte du problème dans le contexte francophone. L’étude de l’articulation des cadres journalistiques, politiques et juridiques pourra être éclairante. L’attention à la circulation de ces affaires pourra être l’occasion de réfléchir à l’exportation et à l’importation des discours et des représentations associées (Bourdieu, 2003). Enfin, jusqu’à quel point les spécificités nationales sont-elles opérantes dans un paysage médiatique mondialisé ?

Au même titre que les concepts de « culture de la célébrité » et de « circulations nationales et transnationales » appellent à théoriser les affaires, interroger la notion de « violences sexistes et sexuelles » sera aussi productif. En effet cette terminologie, qui s’est petit à petit constituée en catégorie du sens commun, ne va pas de soi. Sa définition et l’expression en elle-même font l’objet de débats, que ce soit au sein des espaces académiques ou militants. Deux hypothèses – parmi d’autres – cohabitent : l’une défend une origine institutionnelle du syntagme et l’autre, une origine militante. Dans une synthèse opérée en 2022, nous avions tenté de définir ces « violences sexistes et sexuelles » comme relevant « d’une multiplicité d’actes coercitifs, non hiérarchisés, imposés par les hommes pour contrôler les femmes ainsi que toutes celles et ceux qui n’appartiennent pas au masculin hégémonique, et ce tout au long de leur vie » (Buisson et Wetzels, 2022, p. 5). Cette définition, qui reprend en partie celle proposée par les institutions (par exemple, celle du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes), s’appuie sur le concept de « continuum des violences » (Kelly 1987) qui permet de penser les continuités entre différents actes de violences, du harcèlement sexuel au viol, sans toutefois les hiérarchiser (comme le droit peut le faire). Nous choisissons d’utiliser, dans le cadre de cet appel, le terme de « violences sexistes et sexuelles », en ce qu’il s’agit de l’expression privilégiée par les journalistes dans les récits « d’affaires » qui relatent d’agressions sexuelles, de harcèlements sexuels, de viols… Cette formule polysémique désigne en effet un ensemble hétérogène de situations allant d’actes de violences sexuelles (viol, agression sexuelle, harcèlement sexuel…) en passant par des violences physiques (coups, agressions physiques…), psychologiques (humiliations, critiques, menaces…), ainsi que des violences économiques, administratives et patrimoniales (chantage, rétention des revenus, contrôle des dépenses…).

Les contributions qui constitueront le dossier pourront donc être l’occasion d’interroger la genèse du syntagme « violences sexistes et sexuelles » – à la manière de Sylvie Tissot pour la catégorie de « bobos » (Authier et al., 2018 ; Roquebert, 2018) – et d’interroger quels actes prévalent à travers la mise en affaire. Parce qu’elles sont parfois préférées par les universitaires et les militantes, les catégories de « violences de genre », « violences faites aux femmes », « violences masculines », « violences patriarcales » pourrons aussi servir l’analyse des affaires. Les contributions pourront d’ailleurs interroger les « coalitions d’acteur·ices » (Sabatier, 1998) dans les luttes définitionnelles qui s’opèrent autour de la labellisation des violences : militant·es, universitaires, journalistes et juges mobilisent-ils les mêmes terminologies, et sous quelles conditions ? Aussi, nous appréhendons les violences sexuelles comme des faits politiques, qui renvoient à des inégalités structurelles et inscrivons ainsi ce dossier dans la lignée des travaux issus des gender studies et des théories féministes qui analysent ces violences comme des problèmes publics construits. Ces théories s’attachent à décrire la manière dont les structures de pouvoir (sexisme, racisme, classes sociales…) sont mutuellement constitutives autour de ces violences. Par conséquent, l’analyse du « format affaire » implique une forme de pérennité médiatique qui n’est pas propre au cadrage « fait-divers » (sur les évolutions du cadrage sur le viol, voir Ruffio, 2022). Analyser « les affaires » permet également d’envisager les violences sexistes et sexuelles à la lumière des travaux féministes et de souligner la façon dont le militantisme féministe, notamment du fait de sa capacité à proposer des théorisations savantes de ces processus, contribue à saisir les inégalités d’accès à la sphère publique, et la manière dont celles-ci contribuent à légitimer ces formes de violences.

Nous proposons d’articuler la réflexion autour de trois axes qui permettront de discuter les formes, les dispositifs et les critères d’existence d’une affaire. Dans un premier temps, il s’agira d’interroger les processus de sélection à l’œuvre par des professionnel·les des médias (journalistes, animateurs, producteurs, scénaristes…). Un deuxième axe s’attachera à étudier les cadrages médiatiques des productions de ces professionnel·les. Enfin, le troisième axe abordera leur réception et leur circulation, entre professionnel·les et profanes, en France et à l’international. À travers ce dossier, nous ne voulons pas imposer une définition a priori des « affaires », mais au contraire, discuter ses conditions de réalisation et ses transformations à partir de données empiriques originales.

 

1.Du fait divers à l’affaire : processus de sélection et de publicisation des violences fondées sur le genre par les médias

Les « affaires de violences sexistes et sexuelles » se distinguent des scandales financiers (Thiveaud, 1997) et des scandales politiques (Thompson, 2005), que ce soit par ses conditions de production ou d’administration de la preuve (Buisson, 2022b). Comme l’ont montré les travaux menés sur les médiatisations des violences sexuelles avant les années 2010 (Vigarello, 1998 ; Ambroise Rendu, 2003), ces violences sont traditionnellement traitées sous l’angle du fait divers. Comment peut-on expliquer leur passage en mode « affaire » ? Distinguer l’affaire du fait divers nous invite à réfléchir au rôle des acteurs sociaux engagés dans publicisation de la cause, à leurs mobilisations pour faire exister le sujet publiquement (Comby, 2009 ; Juhem et Sedel, 2016). En effet, les stratégies de mobilisation servent des revendications multiples autour de la question des violences fondées sur le genre et nous faisons l’hypothèse que des transformations sont observables dans les manières d’interpeller les médias et de contribuer à faire d’un cas isolé une affaire. En cela, la notion d’« affaire » est un cadre pertinent pour analyser la mise en forme du problème public des violences de genre.

À partir de quand un témoignage de violences sexistes et sexuelles est-il susceptible d’être constitué en affaire médiatique ? Poser la question en ces termes revient à analyser les éléments d’information qui seraient constitutifs d’une « affaire » en devenir, voire à établir des critères de transformation d’un cas en affaire, un « potentiel affaire ». Il faudra s’attacher à déterminer qui, dans les rédactions, décide de l’intérêt à publier un témoignage de violences de genre. L’évolution des pratiques journalistiques peut-elle éclairer les logiques de production des « affaires » de violences sexuelles ? L’économie des médias, et l’accélération des rythmes de production et de diffusion de l’information journalistique qui l’accompagnent (Ferron et Comby, 2018), le recrutement de gender editors ou bien la constitution de groupes de travail dédiés aux violences seront aussi des aspects pertinents à saisir pour l’analyse des affaires étudiées, tout comme l’étude des propriétés sociologiques des journalistes qui produisent ces formats. Les évolutions des arènes judiciaires et politiques seront aussi à prendre en considération dans l’étude de la constitution des « affaires de violences sexistes et sexuelles » : quel rôle tiennent ces acteurs dans la mise en saillance de ces cas ? Est-ce que le profil des parties en présence, leur notoriété publique ou à l’inverse leur anonymat, les circonstances des violences, le mode opératoire ou encore les scripts sexuels que le cas révèle sont des facteurs de transformation en affaire ? Enfin, les affaires doivent être étudiées au prisme des bénéfices ou des sanctions qui peuvent faire suite à leur médiatisation, que ces conséquences soient symboliques, médiatiques, judiciaires, financières ou politiques, et ce, qu’elles concernent les médias qui les publient (Marchetti, 2010), les victimes qui s’exposent ou les agresseurs dénoncés.

L’analyse des productions, représentations, circulations et réceptions des affaires doit permettre de mettre au jour les luttes pour accéder aux arènes publiques et interpeller les pouvoirs publics. Nous encourageons ainsi les contributions qui interrogent, d’une part, la manière dont les affaires sont façonnées, à la fois par les entrepreneur·se·s de cause et par les structures dans lesquelles ils et elles évoluent. D’autre part, des contributions qui pensent les manières dont les différents cadrages – journalistiques, juridiques, médiatiques, institutionnels – se nourrissent mutuellement : comment les discours véhiculés par les médias sont-ils influencés par les discours institutionnels et vice-versa ? Que nous disent ces circulations sur le caractère multisectoriel de la cause ? Les discours profanes, notamment ceux qui circulent sur les réseaux sociaux, comme les memes ou les tweets (Moro, Buisson et al. 2023), pourront être des objets d’analyses pertinents de la mise en affaire : en quoi l’architecture des plateformes (Twitter, TikTok, Instagram…) affecte-t-elle les modalités du travail journalistique ? En quoi ces dispositifs constituent-ils des espaces de définition de l’affaire, qui reprennent ou non le cadrage journalistique ? Des questions similaires pourront être appliquées à d’autres types de médias tels que les séries télévisées, les films ou encore la presse people.

2. Cadrages médiatiques des « affaires de violences sexistes et sexuelles »

Les travaux sur les représentations des agressions sexuelles dans les médias montrent que les journaux télévisés et les talk shows (Moorti, 2001), les procès médiatisés (Cuklanz, 1996 ; Moorti, 2001), les œuvres de fiction (Cuklanz, 2000 ; Projansky, 2001 ; Horeck, 2004 ; Cuklanz et Moorti, 2017), et les réseaux sociaux (Mendes et al., 2018) incorporent les idéologies dominantes et la manière dont elles configurent, mais aussi restreignent les appréhensions du féminisme et des violences sexuelles. Ces travaux sont utiles pour penser la confrontation entre différents courants féministes émergeant du monde académique, militant et médiatique. Les concepts ou leurs identités féministes peuvent être mobilisées comme ressources discursives et donner lieu à une forme de légitimation dont les effets sur les cadrages pourront être interrogés dans le dossier. Les contributeur·ices devrons aussi questionner les mécanismes selon lesquels une affaire concernant un·e ou des individu·e·s parvient à évoluer en débat plus général sur le problème public que le cas soulève, entraînant ou non sa mise à l’agenda (Lemieux, 2000 ; Marchetti, 2010 ; Garraud, 1990). La notion de légitimité pourra être aussi explorée et il sera alors intéressant d’identifier quels éléments fondent l’importance d’une affaire et sa crédibilité au sein d’un champ donné : quelles négociations et confrontations s’opèrent au sein de l’espace médiatique entre les journalistes et leurs sources (Nollet et Kaciaf, 2013) ? En outre, les éléments discursifs, les émotions, les registres linguistiques identifiés comme étant caractéristiques des affaires pourront être des pistes stimulantes pour les envisager. Enfin, et notamment en lien avec la littérature en sociologie des problèmes publics (Neveu, 2022 ; Gusfield, 1981 ; Aubin, Neveu et de Sousa Paes, 2022), les modèles, les valeurs, les stéréotypes, les contextes idéologiques et les référentiels d’action publique (Jobert et Muller, 1987) travaillés par l’émergence de ces affaires pourront faire l’objet d’une réflexion au sein de ce dossier.

L’« affaire de violences sexistes et sexuelles » peut donc être abordée comme une modalité de mise en récit, qui peut être traitée comme un genre médiatique particulier. Elle met en scène des protagonistes, un·e ou des accusé·e·s et un·e ou des plaignant·e·s, et se joue sous la forme d’une accusation suivie d’une contre-accusation (Boltanski, 1984 ; de Blic et Lemieux, 2005). Ce cadrage résonne avec le cadrage « parole contre parole » – « he said, she said » – fréquent dans les représentations médiatiques des violences sexuelles (Cuklanz et Moorti, 2017). Ce cadrage est problématique en ce qu’il réduit les violences de genre à un conflit interpersonnel, marqué par une asymétrie genrée du capital de crédibilité (Banet Weiser et Higgins, 2021), selon lequel la parole de la plaignante est systématiquement délégitimée. Si cette mise en discours est réductrice, elle autorise néanmoins la diffusion de valeurs et analyses féministes dans la sphère publique, qui peuvent venir se confronter à des cadrages judiciaires ou politiques concurrents. Cette opposition peut être constitutive de la mise en problème public. Dans la lignée des travaux de Cuklanz (1996), nous encourageons des contributions qui interrogent les effets des réformes juridiques autour de la question des violences sexistes et sexuelles sur leurs représentations médiatiques. Cuklanz interroge ainsi la manière dont les cadrages journalistiques légitiment les mouvements pour la réforme du droit étasunien sur les questions sexuelles dans les années 1970 et 1980, mais aussi la façon dont la fiction s’en empare par la suite et prolonge des points de vue parfois mis de côté durant les débats. Les contributions pourront renouveler cette approche en adressant le contexte contemporain et en prolongeant ces réflexions au-delà du contexte étatsunien. Ainsi, en quoi la dualisation accusation/contre-accusation, qui se joue dans la mise en récit des affaires, a-t-elle des effets sur la définition médiatique de la notion de « violences sexistes et sexuelles » ? Quelles violences sont incluses, ou à l’inverse, sont écartées ? En quoi les affaires peuvent-elles valoriser les cas qui mettent en cause des puissants au détriment de l’ordinaire des violences de genre ? Ces questions sont cruciales en ce qu’elles invitent une critique de la forme affaire comme une mise en récit réductrice et imbriquée dans les marqueurs de l’industrie du divertissement. Par ailleurs, cette simplification mène-t-elle à une dépolitisation des violences patriarcales ?

Si les médiatisations des affaires passent par la personnification de problématiques sociales, il est important d’interroger l’imbrication entre la mise en affaire et la « culture de la célébrité » (Marshall, 2006). Les études sur la célébrité interrogent la notoriété comme une forme de visibilité dans la sphère médiatique. Ainsi, la notoriété est une construction sociale et discursive qui donne à voir la manière dont les idéologies dominantes circulent au travers du continuum production – représentation – réception médiatique (Gamson, 1994 ; Dyer, 1998 ; Nayar, 2009). La culture de la célébrité est symptomatique de l’individualisation caractéristique des sociétés contemporaines par laquelle des problèmes sociaux complexes sont réduits à un conflit interpersonnel qui oppose des protagonistes. Les célébrités sont donc les figures autour desquelles des enjeux de pouvoir s’articulent (Marshall, 1997, voir aussi Morin, 1972). Il convient donc aussi d’interroger les affaires sous l’angle des modes de « célébrification » (Driessens, 2012), terme qui désigne l’ensemble des processus médiatiques et discursifs par lesquels des personnes ordinaires deviennent célèbres ou par lesquels des célébrités maintiennent leur capital de visibilité. Nous invitons des contributions qui interrogent la manière dont la culture de la célébrité et les médiatisations des affaires de violences de genre se configurent mutuellement. Une analyse critique de la « culture de la célébrité » permet aussi d’analyser la manière dont les médiatisations des affaires de violences sexuelles reproduisent des stéréotypes de genre, de race et de classe. Par exemple, les travaux sur l’affaire qui oppose DSK et Nafissatou Diallo montrent les processus par lesquels la presse française (Olivesi, 2014), la presse internationale (Biressi, 2018), et les internautes (Bertini, 2011) déploient des discours sexistes et racistes qui décrédibilisent la plaignante. Les études féministes de la culture de la célébrité critiquent également le postulat selon lequel la notoriété féminine est nécessairement intéressée et sans substance alors que la notoriété masculine repose sur des exploits et une parole valorisée par les champs politique et économique (Holmes et Negra, 2011 ; Weber, 2012 ; Moro, 2020). Par conséquent, qu’est-ce que le nexus « culture de la célébrité » et « affaire » révèlent de la figure de la victime ? Ces questionnements permettent de penser les raisons pour lesquelles certaines victimes préfèrent la discrétion plutôt que d’opérer un travail de montée en généralité de leur expérience de la violence (Latté, 2016). En effet, les médiatisations massives qui peuvent suivre la publicisation sont susceptibles de constituer en elles-mêmes une forme de violence symbolique supplémentaire pour les victimes qui s’exposent. Nous invitons donc des contributions qui investissent de manière critique la notion de célébrité et ses processus, en vue de mettre en exergue la tension entre le caractère ordinaire des violences sexuelles et leur lecture extraordinaire dans la mise en affaire.

3. L’affaire de tous·tes : Circulation et réception des « affaires de violences sexistes et sexuelles ».

L’un des postulats qui découle de l’analyse du cadrage médiatique est que les « affaires de violences sexistes et sexuelles » deviennent des références culturelles qui permettent d’indexer des luttes idéologiques. Il sera alors pertinent d’étudier la mémoire des affaires passées et d’observer ses effets sur les pratiques des acteur·ice·s du champ. Ainsi, nous invitons les contributeur·rice·s à penser la mise en affaire comme une mise en récit dans laquelle des protagonistes sont identifié·es par rapports à des faits, au travers d’une médiatisation qui passe par la couverture journalistique et qui peuvent dans certains cas être appropriés par la fiction. Ce recours à la fiction se fait uniquement à la suite d’une médiatisation journalistique et consolide ces affaires en références culturelles. En effet, plusieurs cas ont inspiré des productions cinématographiques ou télévisuelles, comme Welcome to New York (2014) ou l’épisode “Scorched Earth” de New York, unité spéciale (2011) sur l’une des affaires DSK, She Said (2022) sur l’affaire Weinstein ou encore Jacqueline Sauvage, c’était lui ou moi (2018). À l’instar des travaux d’Héloïse Boudon (2016 ; 2019) sur la mise en scène des problèmes publics dans les séries télévisées françaises, nous encourageons des contributions qui analysent le processus de fictionnalisation et son rôle dans la cristallisation de ces affaires en « références culturelles ». En quoi le cadrage de la fiction est-il similaire ou différent de celui défini par les médias d’information ? Cette réflexion nous amène aussi à questionner les mécanismes selon lesquels certaines affaires deviennent – ou non – des références symboliques et cognitives auxquelles les médias et/ou les publics peuvent faire référence pour interpréter de nouvelles affaires.

Dans le sillage des travaux en sociologie des problèmes publics (de Blic et Lemieux, 2005 ; Neveu, 2022 ; Gusfield, 2009), ce dossier appelle à l’étude de la dimension instituante de l’affaire et son pouvoir à faire changer l’état d’un problème social. Ainsi, les contributions pourront interroger cet aspect et mettre en évidence les conséquences des « affaires de violences sexistes et sexuelles ». Les dispositifs tels que les cellules d’enquête et de sanction des violences, les chartes éditoriales ou encore les formations professionnelles, consécutif·ves à la publication d’une affaire, seront ainsi des objets d’étude éclairants. Aussi, l’évolution du rubricage et la position de ces affaires au sein même des productions médiatiques pourra être questionnée (Padioleau, 1976 ; Sedel, 2014). Le dossier pourra d’ailleurs être l’occasion de prolonger la réflexion et d’observer les liens qui peuvent être établis entre le format affaire et la prise en charge du problème public.

Notes

[1] La catégorie « violences sexistes et sexuelles », développée plus loin dans l’appel, désigne des faits de violences sexuelles inscrites dans des logiques de pouvoir patriarcales. L’analyse de la genèse de cette catégorie, son évolution, la pluralité de ses usages, reste à faire et nous espérons que ce dossier pourra être l’occasion de revenir sur sa formulation.

[2] Par exemple, la formule est employée dans le projet de loi n°778 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, présenté le 21 mars 2018.

[3] Les références culturelles sont entendues comme des points de fixation pour certains individus et groupes, qui permettent d’interpréter le monde au prisme d’une culture partagée.

[4] Nous reprenons ici le terme mobilisé par Stuart Hall, qui comprend les luttes idéologiques comme l’ensemble des processus discursifs, symboliques, et matériels qui reproduisent des rapports sociaux de pouvoir au service d’une idéologie (Hall, 2016).

[5] De manière générale, l’expression « culture de la célébrité » désigne une préoccupation grandissante pour la vie privée des personnalités publiques, les logiques industrielles des médias de grande diffusion qui en tirent profit, les pratiques de réception des fans, et les logiques marchandes connexes qui investissent le « soi » comme produit de consommation (Moro 2020, voir aussi Gamson 1994 ; Marshall 2006)

[6] Larry Nassar était le médecin de l’équipe olympique étasunienne de gymnastique et professeur à l’Université de l’état du Michigan. Il a été poursuivi en 2017 et 2018 pour des faits d’agression sexuelle sur au moins 265 jeunes femmes, sous couvert de traitements médicaux.

Calendrier et informations pratiques :

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Welcome to New-York, Abel Ferrara, réal., Wild Bunch, IFC Films, 201.

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