Ouvrage interdisciplinaire

La diversité culturelle camerounaise dans les médias : discours, formes et enjeux

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Informations éditées à partir d’une annonce Calenda.

Réponse attendue pour le 05/12/2022

Type de réponse Résumé

Type de contribution attendue colloque

Nom de la publication Ouvrage interdisciplinaire

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Argumentaire

« Mon hypothèse est que, dans le monde nouveau, les conflits n’auront pas essentiellement pour origine l’idéologie ou l’économie. Les grandes causes de division de l’humanité et les principales sources de conflit seront culturelles. »

Samuel Huntington

Souvent présenté sous le label d’« Afrique en miniature » ou par des slogans tels : « Le continent Cameroun », « Toute l’Afrique dans un seul pays »…, le Cameroun est un pays dont la diversité culturelle est particulière. Cela se traduit dans sa pluralité sur les plans : ethnique, linguistique, religieux… C’est sans doute pour exprimer toute cette complexité que beaucoup de boutades plus globales ont vu le jour dans l’espace social et médiatique. Les expressions comme : « Le Cameroun c’est le Cameroun », « Si on t’explique le Cameroun et que tu comprends c’est qu’on ne t’a pas bien expliqué », « Être Camerounais c’est un métier »… charrient tout un imaginaire et renforcent par là même cette particularité culturelle qui caractérise le Cameroun.

Un regard rétrospectif donne à voir diverses manifestations et publications scientifiques qui ont, dans l’ensemble, abordé cette réalité camerounaise à travers de nombreuses perspectives. En 1985 par exemple, le Ministère de l’Information et de la Culture, sous la houlette de M. François Sengat Kuo, alors Ministre de tutelle, avait organisé un colloque avec pour thème : « L’identité culturelle camerounaise ». Cette rencontre avait permis, à travers une pluralité de  contributions, de poser les jalons du processus d’émergence et de consolidation d’une identité culturelle authentiquement camerounaise. Deux décennies plus tard, la Revue Africultures, en consacrant son soixantième numéro (2004) à la thématique  « Cameroun : la culture sacrifiée », fera le triste constat d’un projet culturel national en mal de décollage et/ou abandonné. Dès lors vont s’ensuivre une multitude de réflexions qui vont explorer plusieurs pans de ladite problématique. Certaines feront à nouveau l’autopsie de cette identité/diversité culturelle camerounaise comme une exception en Afrique (Kengne Fouodop : 2010) ; d’autres l’étudieront sous le paradigme régional (Clément Dili Palaï et Kolyang Dina Taïwé : 2008, Jean Jacques Rousseau Yéné : 2011, Joseph Ndzomo-Molé : 2021…), littéraire et/ou historico-mémoriel (Pierre Fandio et Mongi Madini : 2008, Magnigot Noumbissie Tchouake et Robert Fotsing Mangoua : 2019, Albert Jiokeng Jiatsa et alii : 2019), ou encore dans une perspective africaine (David Simo : 2006, Serge Théophile Balima : 2012).

S’il est de plus en plus avéré que ce qui singularise chaque peuple c’est son identité, il faut rappeler que depuis les philosophes des Lumières (Montesquieu : 1721), l’identité n’est pas une donnée statique. Toute identité se définit et s’enrichit au contact de l’altérité et vice-versa (Jacques Lacan : 1937, Alex Mucchielli : 1986, Jean-Luc Nancy : 1996). Cette conception de l’identité plurielle s’est renforcée avec la naissance d’autres termes comme « métissage » (Senghor : 1964), « identité-rhizome » (Gilles Deleuze et Félix Guattari : 1980) ou encore « créolisation » (Edouard Glissant : 1996). Bien que ces outils méthodologiques et théoriques véhiculent un imaginaire de confluences et de la diversité, leur opérationnalisation ne va pas toujours sans heurts. Et, selon David Simo : « Toute culture emprunte toujours à d’autres, se constitue en s’opposant mais également en se recomposant dans un mouvement de différentiation et d’hybridité ou d’acculturation. » (2006 : pp. 34-35) Dès lors, il se pose la problématique du danger des « fondamentalismes identitaires » conduisant aux dérives identitaires dans un espace de diversité culturelle. En effet, les constellations ethnoculturelles plurielles sont travaillées par des processus interactifs dont la mauvaise gestion aboutit, le plus souvent, à des conflits culturels/identitaires.

Dans le contexte camerounais plus précisément, il devient crucial et même urgent de penser la diversité culturelle, non pas seulement comme une expression de la pluralité et donc de la différence – ce qui pourrait conduire à des tensions, crises, conflits culturels (Samuel Huntington : 2000, Monique Eckmann : 2017, Djibril Diallo : 2022), ou aboutir à une guerre des identités (Ernesto Laclau : 2000 ; Haas Dominique, Nicolas Bancel et Pascal Blanchard : 2016), pire à des identités meurtrières (Maalouf : 1998), – mais aussi et surtout comme un moyen d’enrichissement mutuel, et ce par le biais des médias. De ce point de vue, la diversité culturelle camerounaise revêtirait alors un tout autre visage : celui d’une configuration culturelle, loin d’être une juxtaposition des cultures, fondée sur des formes de transferts, des zones de contact, des interactions culturelles régies par des dynamiques de traduction et de négociation (inter)culturelles.

Le présent ouvrage, qui se veut interdisciplinaire, voudrait questionner les différents discours et formes d’expression de la diversité culturelle camerounaise dans/par les médias : médias traditionnels (Radio, Télévision, Presse écrite…), médias artistiques (Littérature, Cinéma, Musique…),  médias numériques et médias sociaux… Au-delà de ces représentations, il s’agit aussi d’analyser la prise en charge ou l’appropriation de la pluralité du substrat culturel camerounais par ces médias, leurs rôles dans la construction d’une culture/identité nationale ou de l’unité nationale. Mener des réflexions (sociologique, anthropologique, psychologique, philosophique…) dans l’optique de faire de la diversité culturelle camerounaise un carrefour d’échange, de symbiose, de partage, une aubaine pour l’interculturel. Il s’agit de penser à un dépassement des différences, du simple multiculturalisme, pour aboutir, in fine, à une véritable cohésion sociale/intégration nationale.

Les axes suivants, et non exhaustifs, peuvent être envisagés par les enseignants-chercheurs, les professionnels/acteurs des médias ou de la culture…

  • Médias et intégration/unité nationale
  • Discours sociaux et/sur (l’)intégration nationale
  • Perceptions médiatiques de Soi et de l’Autre en contexte pluriculturel
  • Médiatisation des mutations sociales et formes d’interculturalité
  • Industries culturelles et expression de la diversité culturelle
  • Études culturelles et expression de la diversité culturelle
  • Médias et éducation/pédagogie/communication/transferts interculturels
  • Curricula scolaires, supports didactiques et apprentissage réciproque/coopératif
  • Identité culturelle et production médiatique/artistique féminine
  • Culture/médias et protection du patrimoine…

Modalités de soumission

Les propositions de résumé, en français ou en anglais, de 500 à 1000 signes (espaces compris) et d’une brève biobibliographie de l’auteur (nom, affiliation, contact) seront adressées à divercultucam2023@yahoo.com avant le 5 décembre 2022.

NB : Les  auteurs dont les propositions seront retenues recevront le protocole de rédaction des articles complets. Lesdits articles, après rédaction, seront  soumis  aux  procédures  de  révision  et  de  double expertise.

Calendrier du projet

  • Lancement de l’appel : 06 octobre 2022
  • Délai de soumission des propositions de résumé : 05 décembre 2022
  • Réponse du Comité scientifique : 15 décembre 2022
  • Délai de retour des articles rédigés : 10  juin 2023
  • Date probable de publication : octobre 2023.

Comité scientifique

Pr Laurent Richard Omgba (Université de Yaoundé 1), Pr Jacques Chatué (Université de Dschang), Pr Pierre Fandio (Université de Buéa), Prof. Dr Hans-Jurgen Lüsebrink (Université de la Sarre), Pr Albert Gouaffo (Université de Dschang), Pr Esaïe Djomo (Université de Dschang), Pr Robert Fotsing Mangoua (Université de Dschang), Pr Clément Dili Palaï (Université de Maroua), Pr Raymond Mbassi Ateba (Université de Douala), Pr J-J Rousseau Tandia (Université de Dschang), Pr Anatole Fogou (Université de Maroua), Pr Alain Cyr Pangop (Université de Dschang), Pr Désiré Atangana Kouna (Université de Yaoundé 1), Pr Flora Amabiamina (Université de Douala), Pr Cécile Dolisane Ebosse (Université de Yaoundé I), Pr Ngetcham (Université de Dschang), Pr Blossom Fondo (Univsersité de Maroua), Pr Émile-Gille Nguendjio (Université de Bamenda), Pr Emmanuel Njike (Université de Bamenda), Pr Yves-Abel Feze (Université de Dschang), Pr Paul Samsia (Université de Yaoundé 1), Pr Nicoline Agbor Tabe (Université de Bamenda), Pr Vivien Meli Meli (Université de Dschang), Pr Gilles Kuitche Tale (Université de Maroua), Pr Évangeline Seino (Université de Bamenda), Pr Abraham Wega Simeu (Université de Bamenda), Pr Albert Jiokeng Jiatsa (Université de Maroua), Pr Ibrahim Mainamo Wirba (Université de Bamenda), Pr Bernard Bienvenu Nankeu (Université de Maroua), Pr Léopold Maurice Jumbo (Université de Dschang), Pr Lozzi Martial Meutem Kamtchueng (Université de Maroua), Pr Paul Kana Nguetse (Université de Dschang), Pr Taubic Falna (Université de Ngaoundéré).

Comité de lecture

Dr Amos Kamsu Souoptetcha (Université de Maroua), Dr Bana Barka (Université de Maroua), Dr Basile Difouo (Université de Maroua), Dr Clébert Agenor Njimeni Njiotang (Université de Maroua), Dr Derrick Mbungang (Université de Bamenda), Dr Eugene Gabin Nguefack (Université de Dschang), Dr Jules Michelet Mambi Magnack (Université de Maroua), Dr Hugues Carlos Gueche Fotso (Université de Bamenda), Dr Laurentine Ebinengue (Université d’Ebolowa), Dr Luc Claude Ngueu (Université de Yaoundé 1), Dr Maurice Mbah (Université de Dschang), Dr Michael Anele (Université de Bamenda), Dr Michel Narcisse Ntedondjeu (Université de Buéa), Dr Mouhamadou Ngapout Kpoumié (Université de Dschang), Dr Nyaa Hans (Université de Bamenda), Dr Placide Bertrand Ebanga (Université de Ngaoundéré), Dr Vivian Bongka (Université de Bamenda).

Bibliographie indicative

  • Balima, Serge Théophile (2012), Les médias de l’expression de la diversité culturelle en Afrique, Bruxelles, Bruylant.
  • Bodo, Jean-Marie (2020), Le multiculturalisme camerounais et sa praxis quotidienne, Paris, Savoirs, Coll. Rica. 
  • Deleuze, Gilles et Guattari, Félix (1976), Rhizome, Paris, Éditions de Minuit.
  • Diallo, Djibril (2022), La Guerre des mondes. Quand les identités nous séparent, Paris, L’Harmattan.
  • Dili Palaï, Clément et Taïwé, Kolyang Dina (2008), Culture et identité au Nord-Cameroun, Paris, L’Harmattan.
  • Eckmann, Monique (2017), L’identité en conflits, dialogue des mémoires : Enjeux identitaires dans les rencontres intergroupes, Genève, Editions ies.
  • Fandio, Pierre et Madini, Mongi (2008), Figures de l’histoire et imaginaire au Cameroun, Paris, L’Harmattan.
  • Glissant, Édouard (1996), Introduction à une poétique du divers, Paris, Gallimard.
  • Haas, Dominique, Nicolas Bancel et Pascal Blanchard (2016), Vers la guerre des identités ? : De la fracture coloniale à la révolution ultranationale, Paris, La Découverte.
  • Huntington, Samuel (2000), Le choc des civilisations (traduit de l’anglais The Clash of Civilizations and the Remaking of Word Order), Paris, Odile Jacob.
  • Jiokeng Jiatsa, Albert et alii (2019), Littératures camerounaises. Devoirs de mémoire et politiques du pardon, Paris, L’Harmattan.
  • Kaufmann, Jean-Claude (2004), L’invention de soi. Une théorie de l’identité, Paris, Armand Collins.
  • Kengne, Fouodop (2010), Le Cameroun : autopsie d’une exception plurielle en Afrique, Paris, L’Harmattan.
  • Laclau, Ernesto (2000), La guerre des identités. Grammaire de l’émancipation, Paris, La Découverte.
  • « L’identité culturelle camerounaise » (1985), Actes du colloque de la deuxième semaine culturelle nationale organisé par le Ministère de l’information et de la culture du 13 au 20 mai.
  • Maalouf, Amin (2000), Les identités meurtrières, Paris, Le livre de poche.
  • Mucchielli, Alex (1986), L’identité, Paris, PUF.
  • Nancy, Jean-Luc (1996), Être singulier pluriel, Paris, Galilée.
  • Ndzomo-Molé, Joseph (2021), L’identité culturelle itón : Essai anthropo-philosophique sur le groupe Etón – Manguissa – Batsenga, Paris, L’Harmattan.
  • Ngono, Simo (2019), « Les structures médiatiques africaines à l’épreuve de la diversité culturelle. Le cas de la production des contenus informationnels au Cameroun », in Amine Ben Messaoud, Chahira Ben Abdallah, Faten Bellagha (dir.), Médias, communication et diversité culturelle  : Actes du colloque international tenu à l’IPSI (Tunis, Tunisie), Université de la Manouba, du 4 au 5 avril 2019.
  • Noumbissie Tchouake, Magnigot et Fotsing Mangoua, Robert (dir.)  (2019), Le temps des maquis. Écrire l’histoire des maquis et des luttes clandestines au Cameroun. Au-delà de la mémoire éclatée, Intel’actuel, « Hors série », n02.
  • Revue Africultures  (2004), « Cameroun : la culture sacrifiée », n°60.
  • Simo, David (2006), Les constructions identitaires en Afrique : Enjeux, Stratégies et Conséquences, Yaoundé, CLE.
  • Senghor, Léopold Sédar (1964), Liberté 1. Négritude et Humanisme, Paris, Seuil.
  • Yéné, Jean Jacques Rousseau (2011), La gestion de la diversité culturelle au Cameroun. Le cas des autochtones de Yaoundé, Éditions Universitaires européennes.

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