Communication, Technologies et Développement

Science Ouverte / Open Science

Regards croisés sur le droit à la science, sa légitimité, sa transmission, sa gouvernance, ses innovations, ses engagements et ses risques

Mis en ligne le

Réponse attendue pour le 25/11/2020

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Nom de la publication Communication, Technologies et Développement

Coordinateurs

  • Catherine Pascal, Université Bordeaux Montaigne/MICA
  • Marie-Christine Lipani, Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine-Université Bordeaux Montaigne/MICA

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La science ouverte est la diffusion sans entrave des publications et des données de la recherche. Cette notion est à mettre en relation avec celle de démocratisation de l’accès aux savoirs, dans la mesure où elle s’appuie sur les possibilités offertes par le numérique renforçant ainsi la facilité à trouver les données, à les rendre accessibles, interopérables, réutilisables.

Promouvoir la science, dans son ensemble comme science publique ne constitue pas une préoccupation nouvelle en soi. Le partage des connaissances dans cette acception est héritier du courant intellectuel des Lumières marqué par l ‘idée de transmission et de pédagogie voulue par les encyclopédistes, avec Diderot à leur tête.

Ceci nous amène à questionner, en premier lieu, le type d’énonciation en réflexivité et vulgarisation à l’écrit ou à l’ oral du chercheur, sachant que ce dernier, par sa spécificité de discipline a, à incarner, par les paradigmes posés et reconnus par les pairs de son champ : légitimité et transparence (Jurdant, 2012. ). De fait un autre questionnement s’impose : celui de la portée sociale de ce type de dialogue que la recherche a à entretenir avec la société dans son ensemble.

Depuis 2005, la charte européenne du/de la chercheur-e encourage : « le dialogue social entre les chercheurs et les parties prenantes de la société dans son ensemble ». Toutefois, l’ intervention des chercheur.e.s au sein d’espaces informels non scientifiques comme les débats publics par exemple, voire les publications en dehors des lieux réservés et reconnus par la communauté scientifique peuvent être perçus comme le suggèrent Elsa Poupardin et Mélodie Faury (2018/2015) telle une forme de capital symbolique, mais celui-ci, ne « “vaut rien”, du point de vue académique si les auteur.e.s ne jouent pas “le jeu du champ” et n’acquièrent pas dans le même temps, et au sein de leur discipline d’appartenance une certaine légitimité »

Pourtant, aujourd’hui, l’accès à la dite science ouverte (l’Open access) est favorisée par différents types de dispositifs techniques qui encouragent ce dialogue entre savoirs et société. Cependant, le simple fait que de nombreuses publications scientifiques bénéficient d’un accès libre et gratuit ne permet pas toujours aux chercheur.e.s de prendre une réelle place active au sein de la scène sociale et politique. D’autant plus, que les scientifiques peuvent avoir quelques réticences à pratiquer de cette façon la transmission de leurs travaux. Il est vrai que celle-ci est relativement peu reconnue par les instances qui gèrent leur carrière (Boure, 2016). Et pourtant, notre contemporanéité révèle vivement les paradoxes et enjeux du droit à la science et de la forte demande sociétale d’une Science qualifiée d’ouverte.

Cette Science ouverte ou Open Science ne peut se résumer uniquement à des formats techniques ou médiatiques. Car la médiatisation qui passe par les médias de masse comme la télévision et les médias numériques, peut ne pas assurer une réelle vulgarisation scientifique. Dominique Wolton, dès 1997, le soulignait : « la médiatisation n’est pas non plus l’équivalent de la vulgarisation en dépit de la place des médias dans la société et de l’idée simple et fausse, selon laquelle plus les médias parleraient de la science, plus il y aurait de vulgarisation » (1997) ; autrement dit « l’accès aux connaissances ne permettrait pas seule de développer une société de la connaissance ».

Ceci est l’enjeu de cet appel à dossier : permettre à une communauté élargie de réfléchir sur ce qu’on entend par Science Ouverte en accessibilité (accès ouvert « open access »), ses pratiques et ses enjeux.

S’interroger, aujourd’hui, après la crise sanitaire (Covid19) vécue dans le monde entier, sur les valeurs de diffusion, d’utilisation, de transparence par les pairs du droit à la science n’ est plus une question anodine ou conjoncturelle. En ces temps de remise en question de la pertinence des recherches scientifiques, travailler les enjeux primordiaux et les écarts ou risques possibles entre le droit à la science et à la connaissance en transparence et en validité, questionnées par les pairs, est un enjeu mondial.

Cette interrogation élargie se révèle ainsi dans l’initiative de la communauté réflexive de l’ UNESCO visant à créer une prise de conscience scientifique et sociétale … Plusieurs axes se dessinent en priorité mais ceux-ci ne sont en rien exhaustifs et fermés. D’autres approches de la thématique, des regards croisés et pluridisciplinaires peuvent être envisagés afin de favoriser pour chaque axe possible la pluralité de points de vues, la multiplicité du ou des domaines d’application, la richesse et la complexité de toutes les cultures scientifiques envisagées. Les axes envisagés :

Science Ouverte : droit à la science et crédibilité. Approches sur les valeurs de diffusion, d’utilisation, de transparence par les pairs

La pandémie due au Covid, nous a permis de constater que la crédibilité de la science par sa diffusion contradictoire et polémique en enjeux scientifiques et politiques faisait poser un doute non seulement sur les méthodes des chercheurs mais aussi sur la recherche en elle-même et sur l’évolution de sa perception entre expertise et pédagogie, (Boniface P. 2007).

Science Ouverte : valeurs ou idéologies de la transparence ? Paradoxes de la transmission contemporaine médiatisée, à l’ère de l’Intelligence artificielle

La transparence en médiatisation est à questionner. Une puissante fragmentation se révèle entre scientifiques et intermédiaires : (Boukacem-Zeghmouri C., Dillaerts H., (2018)) ; entre diffusion, information et réflexivité : (Cardy H., Froissart P., Tavernier A., 2008) et (Lipani M.C., 2019), accompagnée d’une tentation forte de « trivialité possible » entre science légitime et science d’amateurs (Boure R., Lefebvre M., 2015)

Science Ouverte comme gouvernance : valorisation et médiatisation des données de recherche. Paradigme nouveau en interdisciplinarité ?

Partage de création, d’expériences ou de contenu ? Y- a- t- il des tensions contradictoires mondiales vs locales entre gouvernance, valorisation, médiatisation et engagement en recherche collective ? (Neveu É, 2003).

Science Ouverte et développement durable (pris dans sa définition globale et systémique) : processus démocratique d’engagement collectif et défis de la science

De quel engagement parle t’on ? Celui des chercheurs, des intermédiaires ou celui des citoyens ? Quels sont les engagements à solliciter ? Comment les solliciter ? Cela comporte-il des risques ? (Jeanneret Y.1994), (Breton P. 2003) et projet Unesco en cours

Science Ouverte et ouverture aux savoirs exclus.

Un élargissement aux savoirs et aux systèmes de pensées, issus des cultures autochtones et des pays du Sud serait à solliciter. Ces savoirs ancestraux et ancrés dans des réalités différentes, sont pour la plupart ignorés ou exclus de la science européenne ou mondiale. Et pourtant l’enrichissement des recherches scientifiques en bénéficierait car cette forme d’ouverture permettrait une décolonisation des savoirs.

Science ouverte et innovations : remise en question des data et de leur partage en enjeux technologiques (Intelligence Artificielle) et en innovations sociétales et sociales. Enjeux publics ou communs ?

Des enjeux territoriaux, politiques et éthiques peuvent être questionnés entre partage, concertation, participation, expérience et engagement d’acteurs différents en rôles et cultures, Espace commun ou espace public ? (Tassin E. 1991) ; Pascal C., 2019)).

Modalités pratiques

Les articles proposés peuvent être théoriques, épistémiques, avec immersion terrain ou contenus expérimentaux. L’écriture de l’article est possible en français, anglais et espagnol, en format texte éditable (doc, odt, rtf.). Les résumés, les titres et les mots clés sont demandés en ces trois langues. Voir consignes de rédaction à l’adresse suivante : journals.openedition.org/ctd/1132

Ils sont à envoyer à l’adresse suivante revue@comtecdev.com

Modalités de sélection

L’ensemble des textes seront évalués en double aveugle.

Calendrier 2020-2021

  • Appel à contribution : octobre 2020
  • Les articles sont attendus pour le 25 novembre 2020
  • Retour aux auteurs-rices le 20 décembre
  • Retour des articles définitifs le 25 janvier
  • Dossier publié dans le n° 9, parution prévue fin février

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