Quand la science-fiction change le monde

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Informations éditées à partir d’une annonce Calenda.

Réponse attendue pour le 20/12/2023

Type de réponse Résumé

Type d’événement Colloque

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Dates de l’événement
  • Du au

Lieu de l’événement XIIe colloque Stella Incognita , Événement hybride sur site et en ligne, 29 avenue Robert Schuman , Aix-en-Provence 13100, France

Comme personne ne connaît le futur, nul ne peut s’en dire expert. Néanmoins, puisque chacun se projette vers le futur, nous en construisons tous forcément un récit, et même un bouquet de récits multiples, où s’entremêlent toutes les questions possibles. Cet appel à communications s’adresse donc à de nombreux domaines disciplinaires pour envisager intuitivement des futurs probables, plausibles, possibles (Voros, 2006), ou significatifs dans ce qu’ils donnent à penser et à vivre par procuration. Si les autres littératures de l’imaginaires (Fantasy, Fantastique) reposent sur un saut hors du réel, nous voudrions dans cet appel porter le regard sur nos relations avec les changements du monde, ce qui correspond plutôt à la science-fiction, même s’il existe plusieurs définitions du genre « science-fiction ».

Qu’il s’agisse de littérature, de film, de série, de jeux vidéo, de bande dessinée, d’œuvre d’art, etc., la science-fiction travaille sur cette incertitude inhérente à l’avenir et sur la pluralité de projections qu’elle induit. Elle a sa part d’utopies et de dystopies, de futurs menaçants, d’avenirs radieux et d’entre-deux. Elle explore cette pluralité de projections tous azimut, abordant des thématiques technologiques, politiques, sociales, sociétales, environnementales, etc.

La science-fiction est ainsi une exploration des changements du monde, et, par les projections qu’elle nous montre, elle en vient aussi, parfois, à participer à ce changement du monde nous amenant à réfléchir à des avenirs problématiques et à des horizons intéressants. Tous ces imaginaires, parce qu’ils irriguent l’espace public au-delà des amateurs de SF, peuvent donc être aussi étudiés à la fois comme des révélateurs et comme des vecteurs de transformations de nos conceptions, exerçant une certaine influence sur les opinions (par exemple, Brake, 2022, McCranor, 2022, Besson, 2021).

Ainsi, dans notre époque de transformations intenses et de grande incertitude, la science-fiction peut être considérée comme une formidable machine à penser et à susciter des questions sociopolitiques, éthiques, anthropologiques, scientifiques et économiques. Avec la thématique de l’exploration des changements du monde, l’objectif du colloque à venir est d’étudier cette matière dans toute sa diversité, comme une sorte de miroir tendu vers l’avenir qui, par les images qu’il nous apporte, nous offre de multiples angles pour appréhender autant de changements du monde. A travers ces images, nous réfléchissons à nos pouvoirs et à nos impuissances, à nos liens humains et à nos déchirures, à nos espoirs et à nos craintes.

Axes de réflexion

Les axes proposés pour le colloque pourront s’inscrire dans l’une ou plusieurs des pistes suivantes :

Axe 1 : Menaces et dystopie : au-delà des récits de peur ?

La dystopie, la fiction postapocalyptique, et les récits qui suscitent la peur et l’anxiété sont courants dans la production de science-fiction. Nous pouvons nous demander si les visions qu’ils donnent de notre futur peuvent pousser à la réflexion, à l’action, à l’engagement ou au contraire au renoncement ? La mise en perspective des peurs actuelles liées à la technologie est présente dans un certain nombre de séries récentes, ainsi Black Mirror qui, à chaque épisode, fait émerger le côté sombre des innovations, au même titre que Severance, Peripheric ou encore The Fortress.

Les questions suivantes pourraient aussi être soulevées : de quoi exactement ces menaces sont-elles révélatrices ? Est-ce l’expression d’une résistance au changement ? Une sorte de nostalgie (Juhl et al., 2010 ; Ionescu et al., 2023) ? Une critique du technocapitalisme ? Ou est-ce simplement l’évocation existentielle des peurs contemporaines (Ord, 2020) ?

Axe 2 : Les récits utopiques sont-ils encore possibles ?

Dans quelles mesures pouvons-nous concevoir l’utopie, c’est-à-dire l’idée que l’humanité peut atteindre une forme nouvelle et parfaite d’organisation sociale et/ou technologique ? La notion même de progrès et d’avenir commun et souhaitable pose une question essentielle de l’utopie : peut-elle être commune à tous et, si oui, à quel prix ? On comprend ainsi qu’il s’agit d’une question profondément politique (Friedman, 2015 ; Bregman, 2017), puisque les utopies des uns peuvent rapidement devenir les dystopies des autres, par exemple, dans Walden 2 de B.F. Skinner (1948) décrivant une utopie communautaire réglée par les principes du comportementalisme. Dans ces récits où l’action existe lorsque la monotonie de l’utopie est rompue, c’est-à-dire lorsque son imposture sociale est révélée, il est peut-être question de l’incapacité de notre propre esprit à saisir le concept d’utopie, et non pas de l’utopie elle-même en tant qu’idée sociopolitique.

Si la société de demain pouvait être réellement utopique, sur quels types d’actions s’appuieraient les scénarios des fictions y menant ? Comment cette utopie pourrait-elle être indépendante des objectifs politiques de l’idéologie du progrès ?

Axe 3 : incidence des fictions utopiques et dystopiques ?

Les recherches en psychologie sociale montrent des contrastes idéologiques face à la représentation utopique et dystopique de l’avenir, ainsi que des différences dans les représentations et comportements associés aux vues du futur (Badaan et al., 2022 ; Badaan et al., 2020 ; Fernando et al., 2018 ; Jost et al., 2022 ; Kashima & Fernando, 2020).

Cet axe pourrait interroger spécifiquement l’intérêt de la réflexion philosophique sur la science-fiction et la capacité de ces fictions à induire de nouveaux modes de raisonnement (Hottois, 2000 ; Martin, 2017) du fait même de la structure de ses récits. L’impact, plutôt récent, dans l’économie (Beckert, 2013) ou les sciences juridiques (Delage, 2013 ; Bellagamba et Baret, 2023) pourrait être également développé.

Une fois constatée l’importance de la forme des récits sur la vision du futur, il convient de s’interroger sur l’effet que ces récits ont sur le passage à l’action. Penser le futur consiste à le « programmer » pour reprendre le terme de Vint, à établir une déclaration d’intention d’attitudes et de comportements visant à l’atteinte d’un objectif individuel ou collectif (Vint & Alexander, 2022). Riel Miller souligne la nécessité sociale et cognitive d’apprendre à penser l’avenir pour utiliser le futur (Miller, 2018 ; Jonassen et al., 1993).

La science-fiction ouvre un « véritable laboratoire virtuel qui permet à l’expérimentation de se déployer totalement » (Armand, 2018). L’utilisation de la science-fiction est un moyen de penser un monde nouveau pour jouer avec les futurs (Minvielle et al., 2016). La science-fiction devient à l’occasion une science-fiction institutionnelle (Michaud, 2023) pour guider les réflexions au niveau des entreprises, un espace d’interrogations conduisant à s’impliquer dans la construction de futurs souhaitables (Kyrou, 2023), de futurs à parer (https://redteamdefense.org)  ou de futurs à éviter.

Cet axe s’intéresse particulièrement aux rôles de la science-fiction et s’interroge sur l’effet, voire l’action, qu’elle peut avoir dans le changement de points de vue des acteurs sociaux, politiques et économiques.

Modalités de participation

Ce colloque a pour objectif de mettre en évidence des approches pluridisciplinaires autour de la science-fiction. Des contributions issues des disciplines des arts, de la littérature, de la psychologie, de l’astrophysique, de la sociologie, de l’histoire ou encore de la philosophie seront acceptées, mais toutes les sciences resteront les bienvenues pour échanger autour des récits de l’avenir et leur effet sur les pensées et les idéologies utopiques et dystopiques de la science-fiction.

Les interventions seront d’une vingtaine de minutes.

Elles auront lieu en présentiel (dérogation possible pour les intervenants internationaux). Le colloque sera au format hybride accessible via Zoom.

Les propositions devront contenir :

  • L’axe de réflexion dans lequel s’inscrit la proposition
  • Un titre
  • Un résumé de 300 à 500 mots (en français ou en anglais)
  • Une courte présentation de l’auteur comprenant une brève bibliographie et une courte biographie (100 mots maximum).

Les propositions seront à envoyer au format .pdf à l’adresse suivante : contact@espritfutur.fr

Note importante : Pour participer (et non assister) à la conférence, vous devez être membre de l’association (10 euros pour les doctorants/non titulaires et 15 euros pour les titulaires). Pour mettre à jour votre inscription ou vous inscrire pour la première fois à Stella Incognita : https://www.helloasso.com/associations/stella-incognita.

Calendrier

  • Date limite de soumission : mercredi 20 décembre 2023
  • Date de réponse : mi-janvier 2024.
  • Date du colloque : 10-12 avril 2024.

Comité d’organisation

  • Thomas Arciszewski, Aix-Marseille Université, PSYCLE / InCIAM.
  • Cynthia Bagousse, Aix-Marseille Université, PSYCLE / InCIAM.
  • Panagioula (Julie) Kolovou, Aix-Marseille Université, LESA.

Comité scientifique

  • Danièle André, La Rochelle Université, CRHIA.
  • Ugo Bellagamba, Université de Nice, HERMES.
  • Nathalie Bonnardel, Aix-Marseille Université, PSYCLE / InCIAM.
  • Sébastien Lefait, Aix-Marseille Université, LERMA / InCIAM.
  • Sylvie Requemora, Aix-Marseille Université, CIELAM /InCIAM.
  • Olivier Wathelet, Docteur en anthropologie, co-fondateur de Making Tomorrow.