Identités désincarnées : corps, virtualité et reconstruction de soi

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Informations éditées à partir d’une annonce Calenda.

Réponse attendue pour le 24/07/2025

Type de réponse Résumé

Type d’événement Colloque

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Dates de l’événement
  • Du au

Lieu de l’événement Événement hybride sur site et en ligne, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ben M'sik - Casablanca, Casablanca 206500, Maroc

L’identité, produit d’un processus dynamique et interactif d’affirmation de soi et de relation avec autrui, est une notion omniprésente, multiforme et difficilement saisissable. A la fois individuelle et collective, singulière et plurielle, intersubjective et autonome, réelle et virtuelle, complexe et homogène, fluctuante et immuable, authentique et hybride …

L’identité émerge et se cristallise dans l’interaction sociale et se façonne par les diverses évolutions et les transformations sociales, politiques et/ou techniques.

Mais, à l’ère du numérique, l’identité humaine traverse une mutation sans précédent, se reconfigurant au-delà des repères corporels, matériels et culturels qui ont longtemps structuré nos subjectivités.

Les nouvelles technologies immersives, interactives et intelligentes, qu’il s’agisse de la réalité virtuelle, des réseaux sociaux, de l’intelligence artificielle ou des métavers, bouleversent en profondeur nos manières de nous percevoir, de nous représenter et d’entrer en relation avec autrui. Ce que nous appelions autrefois « identité » devient désormais fluide, malléable, fragmentée, parfois même réduite à des données algorithmiques.

Dans ce contexte, la construction de soi ne se pense plus uniquement à partir de l’ancrage corporel ou de la continuité biographique, mais à travers des processus multiples de projection, de simulation et de recomposition au sein d’espaces numériques en constante évolution.

Les corps physiques, longtemps garants notamment de l’ancrage subjectif, deviennent des entités périphériques. Traduits, réduits ou augmentés en données, flux et métadonnées exploitables, ils cèdent leur centralité au profit d’avatars, de profils et de doubles numériques qui font désormais office d’interfaces du soi.

Ces figures hybrides — entre présence et absence, entre image et simulation — ouvrent la voie à une reconstruction de soi en perpétuel devenir, à la croisée de l’imaginaire, du social et du technologique. Elles reconfigurent en profondeur notre rapport à l’altérité autant qu’à nous- mêmes, au sein d’espaces numériques toujours plus déterritorialisés.

Mais cette virtualité, loin d’être neutre ou purement émancipatrice, produit une visibilité paradoxale. Elle révèle tout en dépersonnalisant, rendant nos gestes, émotions, désirs et pensées lisibles, traçables, monétisables. L’intimité se convertit en données, la subjectivité en capital.

Ainsi, la reconstruction de soi dans les mondes numériques s’opère sous tension : entre liberté et surveillance, entre expression singulière et standardisation algorithmique. Cette nouvelle condition connectée, éclatée et performative redéfinit les contours mêmes de l’existence humaine.

Dès lors, des interrogations essentielles s’imposent :

  • Quelle identité se construit-elle à travers ces nouvelles formes d‘interactions dans les espaces numériques ?
  • Comment s’articule l’identité et la fausse identité dans un jeu de dualité à la fois réel et virtuel ?
  • Comment préserver l’intériorité, la singularité, l’invisibilité même, dans un monde dominé par la transparence forcée et la logique des plateformes ?
  • Comment affirmer une souveraineté individuelle face aux dispositifs de captation et d’exploitation des données personnelles ?
  • Comment le tournant des IA génératives a-t-il revisité la définition créatrice de la conscience humaine, qui semblait échapper à la révolution robotique et technique du XXème siècle ?
  • Quelle place peuvent encore occuper les valeurs humaines – empathie, responsabilité, engagement – dans une société où l’identité devient performance, exhibition, narration, ou produit ?
  • Quelle représentation de soi se construit à travers la diffusion de ses messages et la création de personnats numériques portant des visages et des voix similaires ?
  • Ces identités désincarnées sont-elles le signe d’un effacement progressif de notre humanité ou, au contraire, l’opportunité de la redéfinir ? Constituent-elles une menace pour notre cohésion sociale, ou bien ouvrent-elles un champ inédit de créativité, de pluralité et de résilience ?

C’est autour de ces questions que s’articule ce colloque, en invitant artistes, philosophes, chercheurs, théoriciens des médias, spécialistes du digital, penseurs critiques et créateurs à croiser leurs regards et à questionner ces mutations.

À travers conférences, performances, tables rondes et expérimentations, nous questionnons la notion d’identité et explorerons ses multiples dimensions à l’ère du numérique : ses métamorphoses, ses tensions, ses impasses mais aussi ses promesses.

Ce moment de réflexion se veut un espace de dialogue interdisciplinaire, à la fois critique et prospectif, capable de nourrir des imaginaires nouveaux, de formuler des pistes de résistance ou de réinvention, et d’ouvrir une réflexion collective sur ce que signifie être et devenir humain dans un monde toujours plus interconnecté, augmenté et instable.

Ce colloque international pluridisciplinaire à la croisée des sciences humaines et sociales de l’information et de communication vise à explorer et interroger les identités, les métamorphoses et les mutations techniques à la suite de la révolution numérique.

Les axes

  • Identités, et construction identitaire dans les espaces numériques
  • Construction de soi, « quête identitaire » et enjeux éthiques, philosophiques et sociaux
  • Storytelling, transmission des histoires collectives et individuelles et construction identitaire
  • Personal branding, emprunte numérique et construction de l’identité professionnelle
  • Identité, captation de données et risques sur les espaces numériques : entre vulnérabilité et responsabilité

Modalités de soumission

En plus de l’intitulé et du résumé de 500 mots au maximum, les propositions doivent contenir les informations suivantes : nom, prénom, statut, établissement d’attache, adresse électronique et numéro de téléphone.

Les langues du colloque sont le français, l’arabe et l’anglais.

Les propositions seront envoyées simultanément aux adresses suivantes : Colloque.identity@gmail.com, marc.veyrat@free.fr, avant le 24 juillet 2025.

Calendrier

  • Date limite de soumission des propositions : 24 juillet 2025
  • Retour des propositions aux auteurs à partir du : 27 juillet 2025
  • Le colloque aura lieu les 12 et 13 novembre 2025
  • Publication des actes du colloque en 2026

Comité d’organisation

  • Les doctorants du laboratoire LOGOS, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Les étudiants du Master Communication des organisations (FLSH Ben Msik)
  • Abdelhadi SAMADI, FLSHB, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Marc Veyrat, université Savoie Mont Blanc, France
  • Khaldoun ZREIK, Université Paris 8, France.
  • Philippe BOISNARD, Université Paris 8, France
  • Majid SADDATI, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Lamya DOKKALI, FLSH Ben Msik Casablanca, Maroc
  • Latifa AYOUBI, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Mourad ZAHIR, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Lamya JMOULA, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Hayat ZIRARI, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Jaouad BENNIS, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc

Comité scientifique

  • Jaouad BENNIS, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Marc Veyrat, université Savoie Mont Blanc, France
  • Hayat ZIRARI, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Khaldoun ZREIK, Université Paris 8, France.
  • Abdelhadi SAMADI, FLSHB, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Philippe BOISNARD, Université Paris 8, France
  • Mohamed Cheikh, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Abdelatif FETHEDDINE, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Lamya JMOULA, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Latifa AYOUBI, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Mourad ZAHIR, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Said BenTajer, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Khalid Lahlou, FLSH Ben Msik, Université hassan II Casblanca, Maroc
  • Khalid Lahmidi, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Ibtissam ELBERRAJ, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Seddik DERII, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Bouchra DEHBI, FLSH El-Jadida, Université Chouaib Doukkali, Maroc
  • Anas MOUTIA, FLSH, Université CADI AYYAD, Marrakech, Maroc
  • El Makhtar ELMAOUHAL, FLSH, Université Ibn Zohr, Agadir, Maroc
  • Brahim ELHARFI, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Mourad ZAHIR, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Mohammed ZEKKARI, FLSH Ben Msik, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Fatima Ouahmi, Faculté des Sciences de l’Education, Université Mohamed V de Rabat
  • Maha Soulami, ENSET Mohammedia, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Leila Naim, ENSET Mohammedia, Université Hassan II Casablanca, Maroc
  • Lamya DOKKALI, FLSH Ben Msik, Université Hassan II, Casablanca, Maroc