Savoirs endogènes au prisme des SIC

Entre territoires et terroirs

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Event place Université Cheikh Anta Diop, Dakar , Sénégal

Le colloque international “Savoirs endogènes au prisme des SIC – Entre territoires et terroirs” se tiendra du 29 au 31 octobre 2025 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Cet événement est labellisé par la SFSIC.

Argumentaire

A la suite de l’appel à contributions portant sur la thématique « savoirs endogènes en question », publié dans la revue RSSI (revue sénégalaise en Sciences de l’information), le LARSIC (laboratoire de recherche en Sciences de l’information et de la communication) s’associe aux laboratoires GERiiCO, MICA pour l’organisation d’un colloque international intitulé « Savoirs endogènes au prisme des SIC : entre territoires et terroirs ». Ce colloque offrira un espace pour interroger les savoirs endogènes en les situant dans des contextes géographiques et des espaces d’interaction, à travers les notions de « territoires et terroirs ». Interroger les savoirs endogènes revient d’une part, à les situer comme héritage et pratique culturels d’une société ou de communautés (Dili Palaï, 2019; Seck, 2023). Ces dernières sont souvent reconnues comme les uniques détentrices d’un type de savoir (Kane & al, 2023), ce qui fait que les savoirs endogènes s’inscrivent dans un terroir.

Les travaux initiés sur le sujet (Hountondji, 1994 ; Rondeau, 2016 ; Ndiaye, 2021), surtout ces deux dernières années mettent l’accent sur la promotion de patrimoines à travers une articulation à « un système éducatif émergent orienté sur les compétences codifiées”» (Akaffou, 2023). Certaines approches (Lambert-Brétière, 2018, Kane; Samba, 2024) sont plutôt axées sur les différents modes de transmission des savoirs où la langue n’est pas seulement un outil de communication, elle est aussi perçue comme un moyen de sacralisation et de désacralisation des pratiques et des rituels (langues fétiches) voire de valorisation des objets muséaux. Ces derniers sont parfois les symboles de pratiques endogènes et n’ont de sens que dans un contexte singulier d’utilisation.

Ces considérations peuvent mener à des questionnements : le traitement documentaire qui en est fait par les professionnels de l’information peut-il conduire à percevoir les savoirs endogènes comme de simples objets esthétiques appartenant à une communauté identifiée ? De plus, ils posent un débat majeur sur les questions liées au droit d’auteur et à la propriété intellectuelle (Seck, 2023) puisqu’ils sont l’expression d’un savoir-faire traditionnel à l’exemple du “Faso Dan Fani” appelé aussi “pagne tissé de la patrie”, aujourd’hui une marque déposée au Burkina – et du “Nguon” (rituels de gouvernance et expressions associées dans la communauté Bamoun) classé patrimoine mondial de l’Unesco. Ainsi, ce colloque international se propose d’explorer la problématique de la valorisation des savoirs endogènes, souvent marginalisés (Moreira, 2024) au profit des savoirs exogènes dominants, en particulier dans le champ des sciences humaines et sociales.

L’objectif principal est de réfléchir sur les leviers qui permettront de redonner voix aux connaissances dites « indigènes » ou « locales », en les intégrant dans le discours scientifique, et plus largement dans le spectre social, afin de mieux comprendre l’histoire et l’avenir des sociétés postcoloniales. Dès lors, en interrogeant la prééminence des représentations occidentales, il sera question d’ouvrir, au sens de (Botoyiyê, 2010), « une dialogique des champs du savoir ». Le concept de « territoire » retenu dans le cadre du colloque dépasse largement la simple délimitation géographique physique ; il englobe une multitude d’interrelations entre l’espace, les cultures et les individus. Dans cette perspective, le territoire peut être appréhendé à travers le prisme du patrimoine, qu’il soit matériel ou immatériel puisqu’ils ancrent les communautés dans leurs histoires, et leurs identités.

L’adéquation aux pratiques, aux savoirs, aux langues, aux imaginaires et aux traditions qui façonnent les rapports sociaux et les liens culturels est un aspect important à la compréhension des savoirs endogènes. Pour cause, ces formes de patrimoine (matériel ou immatériel) contribuent à définir un territoire vivant, dans l’action, non seulement par sa matérialité, mais aussi par les mémoires, les récits et les savoirs qui y circulent, en permettant de vivre le passé dans le présent. Il s’agira à ce titre d’interroger les « Territoires » : pour observer comment la problématique des savoirs endogènes est traitée dans d’autres disciplines (histoire, anthropologie, linguistique, géographie, médecine, sciences de l’information et de la communication (SIC) notamment). Il est question de partir des sciences de l’information et de la communication pour ensuite faire des ouvertures aux autres disciplines, ou d’apprécier les spécificités des apports disciplinaires, notamment sur les questions d’organisation des connaissances, de médiation des savoirs et des usages sociaux, de justice cognitive ou épistémique.

Pour ce qui est du second point fort du colloque Dili Palaï (2019) disait qu’ « aux savoirs endogènes, peut être corrélé le « développement » des connaissances provenant de l’intérieur du terroir, laquelle peut contribuer, ne fût-ce que par une prise de conscience, aux décollages social, économique et politique des sociétés, en quête de devenir, voire d’identité » (Dili Palaï, 2019). De ce point de vue, déconstruire le rapport entre le terroir et la production des connaissances, permet de percevoir celui- ci comme un lieu de production matérielle, de réflexion, de mémoires collectives et d’échanges. Les savoirs endogènes, traversés par l’oralité (Botoyiyê, 2010, Moity- Maïzi, 2011), sont souvent construits à travers des croyances et des pratiques permettant la compréhension des dynamiques naturelles, sociales et spirituelles qui régissent une communauté.

Le concept de « Terroir » sera mobilisé pour cartographier les communautés, les zones et les pratiques dans lesquelles ces savoirs sont mobilisés, de même que les codes et les normes de classification qui en découlent. En effet, la cartographie des savoirs endogènes permettrait de mieux cerner les lieux et les pratiques où ces savoirs sont produits, et d’identifier des leviers pour leur préservation et leur diffusion. Cette approche vise également à soutenir le développement durable, en intégrant ces savoirs dans les stratégies de conservation de la biodiversité et la promotion de l’innovation. Par ailleurs, les savoirs endogènes dont il est question ici, ne concernent pas un espace géographique déterminé. Les réflexions peuvent être orientées sur les savoirs de diverses communautés aussi bien en milieu francophone qu’en milieu anglophone ou autre.

Le colloque plaide dès lors pour une approche interdisciplinaire, pour mieux comprendre les dynamiques de transmission de ces savoirs au sein des communautés ou espaces géographiques. De la même manière, il ambitionne d’explorer la question de l’intégration des savoirs endogènes dans la recherche universitaire en vue de rééquilibrer le rapport de pouvoir (dominants et dominés) entre savoirs scientifiques et savoirs traditionnels. Cette perspective inclut aussi bien une réflexion sur les méthodes de validation scientifique des savoirs endogènes, leur légitimité et la place des savoirs endogènes dans la construction des connaissances contemporaines, en les valorisant comme des sources complémentaires dans une quête de diversité culturelle et de solutions durables.

Axes retenus :

  • Axe 1 : Éthique et savoirs endogènes : épistémologies de la résonance sociale, des affects et de la sensibilité,
  • Axe 2 : Patrimonialisations et savoirs endogènes : mémoire, émotion et construction des identités
  • Axe 3 : Langues et savoirs endogènes : logiques d’usages et réceptions
  • Axe 4 : Droit des communautés en matière de propriété intellectuelle
  • Axe 5 : Communication et savoirs endogènes : médiation, valorisation, usages, archivage, objets muséaux
  • Axe 6 : Transmission et diffusion des savoirs endogènes : dispositifs, processus et didactisation.

Format des communications

Le colloque se tiendra à Dakar et proposera trois formats de présentations en français ou en anglais :

  • Des communications orales de 20 minutes, organisées par session thématique.
  • Des communications orales de 10 minutes pour la table ronde consacrée aux jeunes chercheurs : elle réunira des chercheur·e·s en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC), dont les travaux s’inscrivent dans les thématiques du colloque.
  • Des posters (session dédiée) : présentation visuelle des méthodologies et des cas d’usage des savoirs endogènes.
  • La sélection des propositions se fera selon les normes scientifiques habituelles de lecture en double aveugle.

Format des propositions de communications orales ou poster

Les propositions de communications orales ou de posters doivent être rédigées en français ou en anglais et ne doivent pas dépasser 6000 caractères, bibliographie comprise. Chaque proposition devra inclure un argumentaire scientifique détaillant la problématique abordée, l’axe du colloque auquel elle se rattache, le type de données mobilisées, les cas d’usage présentés ainsi que les principales références bibliographiques utilisées.

Les propositions de communication doivent être inédites et ne doivent pas avoir été soumises ou publiées ailleurs. Il est recommandé de contextualiser toute description d’une expérience personnelle et d’apporter une réflexion critique lors de la présentation d’une institution ou d’un projet.

Modalités de soumission

Les propositions de communication doivent être envoyées via la plateforme sciencesconf : https://savoirsendosic.sciencesconf.org

Dates clés :

  • 17 février 2025 : lancement de l’appel
  • 1er mai : Date limite de soumission prolongée au 31 mai
  • 30 juin : Retour d’expertise
  • 7 juillet : Notification des résultats /
  • 30 juin 30 Aout : Réception des versions définitives
  • 3 septembre : Diffusion du programme
  • Décembre : Réception des articles définitifs en français ou en anglais

Inscription au colloque

Les pré-inscriptions devront se faire avant le 23/10/2025. La participation aux journées s’organise comme suit :

–          Enseignant-Chercheur et Chercheur : 77 euros

–          Doctorants : 36 euros

Bibliographie indicative

Botoyiyê, G. A. D. (2010). Chapitre VI. La réappropriation des savoirs endogènes. In Le passage à l’écriture (1-). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.9830

Botoyiyê, G. A. D. (2010). Chapitre VII. Le nouvel ordre de la recherche. In Le passage à l’écriture (1-). Presses universitaires de Rennes. https://doi.org/10.4000/books.pur.9831

Dili Palaï, C. (Éd.). (2019). Savoirs locaux, savoirs endogènes : Entre crises et valeurs. Les Editions du Schabel.

Essono Ebang, M. (2022). Enseignement-apprentissage des langues endogènes gabonaises par le biais des médias sociaux: Facebook et WhatsApp. Langues & Cultures, 3(3), 29-50.

Hountondji, P. J. (1994). Savoirs endogènes: pistes pour une recherche.

Karthala, Paris, FR.

Kane, A., Samba, M. (2024). Les savoirs endogènes en question, Revue sénégalaise des sciences de l’information et de la communication, Vol. 1- N° 01.

Lambert-Brétière, R. (2018). Savoir culturel et langue en danger: l’exemple du rituel de l’igname chez les Kwoma. Journal de la Société des Océanistes, 1, 73-83.

Moity-Maïzi, P. (2011) . Interroger la localisation et la circulation des savoirs en Afrique. Revue d’anthropologie des connaissances, Vol. 5, n° 3(3), 473-491. https://doi.org/10.3917/rac.014.0473.

Moreira, L. (2024) . Le triple statut des « sauvages » dans les Considérations de            J.-M.    de        Gérando.        Lumières,        N°            44(2),  79-96. https://doi.org/10.3917/lumi.044.0079.

Ndiaye, S. (2021). Décolonialité des savoirs endogènes africains et pluriversalisme. Les Cahiers de l’Acaref, 1, 295-308.

Rondeau, D. (2016). La place des savoirs locaux (endogènes) dans la cité globale. Essai de justification. Justice cognitive, libre accès et savoirs locaux. Pour une science ouverte juste, au, 165.

Seck, M. (2023). La validation et la valorisation des savoirs endogènes par la science et la propriété industrielle: le cas de la papaye. DJIBOUL, Revue Scientifique des Arts-Communication, Lettres, Sciences Humaines et Sociales

Tourneux, H. (2011). La transmission des savoirs en Afrique: savoirs locaux et langues locales pour l’enseignement. KARTHALA Éditions

Responsables scientifique du colloque 

  • Aminata KANE
  • Bernard DIONE
  • Vincent LIQUETE
  • Widad Mustapha EL-HADI
  • Djibril DIAKHATE
  • Mbemba NDIAYE
  • Mohamadou SECK
  • Moustapha MBENGUE

Comité scientifique

  • BALIMA Régis Dimitri, Université Joseph KI-ZERBO
  • BECKMANN Valentine, Université de Bordeaux
  • BODENSTEIN Felicity Université de Sorbonne.
  • BUBENICEK Michelle, École Nationales des Chartes
  • CASENAVE Joana, Université de Lille
  • CHANTRAINE BRAILLON Cécile, La Rochelle Université
  • CHATENET Ludovic, Université Bordeaux Montaigne
  • CHEBBI Aida, Université ISD  – La Manouba – Tunis
  • CHEVRY PEBAYLE Emmanuelle, Université de Strasbourg
  • DAMOME Etienne, Université Bordeaux Montaigne
  • DE BIDERAN Jessica, Université Bordeaux Montaigne
  • DIAKHATE Djibril, Université Cheikh Anta Diop
  • DIEYE Mor, Université Cheikh Anta Diop
  • DIONE Bernard, Université Cheikh Anta Diop
  • DIOP Babacar Mbaye, Université Cheikh Anta Diop
  • EL HADI Widad Mustafa, Université de Lille
  • ETOURNAY Julia, École Nationales des Chartes
  • FALL Marie, Université du Québec, Chicoutimi,
  • FAÜ Jean-François, Université d’Alexandrie-Egypte
  • FERDULISZITA Odome Angone, Université Cheikh Anta Diop
  • LEHMANS Anne, Université de Bordeaux
  • LIQUETE Vincent LIQUETE, Université Bordeaux Montaigne
  • LOUIS Stéphanie, École Nationales des Chartes
  • LY Mouhamed Abdallah, Musée des civilisations noires – IFAN
  • EL HACHANI Mabrouka, Université Jean Moulin Lyon 3
  • MBENGUE Moustapha; Université Cheikh Anta Diop
  • NDOUR Nogaye, Université Cheikh Anta Diop
  • NDIAYE Malick, Musée Théodor Monod – IFAN
  • NDIONE Augustin, Université Cheikh Anta Diop
  • PASCAL Catherine, Université Bordeaux Montaigne
  • REGOURD Anne, Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
  • SALIFOU Abdoulaye –  UNESCO Liaison Office to AU & ECA
  • SAMBA Moussa, Université Cheikh Anta Diop
  • SISSIA Julie , Académie des Traces –  Institut Marc Bloch
  • SOUMAGNAC Karel Université de Bordeaux
  • TOGNOLI Natália, Fluminense Federal University, Brazil
  • WIOROGORSKA Zuzanna, Université de Pologne

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