Information et IA : opportunités et risques

Opportunités et risques

Expected response for the 08/02/2024

Response type Résumé

Event type colloque

Coordinators

  • Evelyne Broudoux, CNAM, Dicen-IDF
  • Ghislaine Chartron, CNAM, Dicen-IDF
  • Benoît Epron, HEG Genève, HES-SO
Event dates
  • From at

Event place Haute École de Gestion, Genève , Suisse

Le colloque international “Information et IA : opportunités et risques” se tiendra à Genève les 12 et 13 septembre 2024. L’événement est co-organisé par Dicen-IDF (Cnam) et HES-SO (HEG, Genève) et l’appel à contributions est en ligne.

Présentation

Sous le vocable IA est entendu aujourd’hui une automatisation de processus calculatoires prenant son origine dans la conception des réseaux neuronaux (Lelu & Rosenblatt, 1986) et qui atteint un nouveau palier avec les modèles d’apprentissage profond basés sur les grands modèles de langage (LLM) (LINC-CNIL, 2023). En effet, l’IA générative fondée sur ces modèles a fait son entrée dans la sphère communicationnelle, avec les interactions langagières opérées par les robots conversationnels, capables de répondre aux questions les plus précises. Ceci entraîne des bouleversements dans l’accès à l’information, qui elle-même change de nature, potentiellement créée par des algorithmes. L’autorialité et ses droits associés sont donc questionnés (Broudoux, 2022).

Rappelons que ces modèles ne peuvent fonctionner qu’en mode “données massives” dont nous avions déjà exploré les enjeux lors d’une précédente édition de la conférence Document et Société (Chartron & Broudoux, 2015). Reposant sur l’apprentissage profond, à partir de jeux de données structurées ou non, comportant images, vidéos, corpus textuels, etc., les méthodes utilisées exigent un principe d’explicabilité (Vuarin & Steyer, 2023), sous peine de reproduction de biais et de stéréotypes.

Les potentialités ouvertes par le développement logiciel de l’IA questionnent directement les pratiques et les modèles des secteurs de l’information et de la documentation. Les fonctions de production, de traitement, d’analyse ou de communication de l’information sont réinventées pour prendre en compte les possibilités offertes par ce type de technologies.

Après une première phase de découverte, les différents acteurs de l’information-communication sont très vite passés à une phase d’appropriation opérationnelle de ces outils-logiciels dans leurs processus métiers (Chartron, Raulin, 2022), (Tarride, S., Boillet, M., Moufflet, 2023), (Mignot, L. & Schultz, É. (2022), (De Corbière & all, 2023).

La vitesse d’appropriation de ce nouvel environnement info-communicationnel nous conduit à projeter la prochaine conférence Document et Société de septembre 2024 dans un contexte de mise en pratique de cette génération d’outils pour différents secteurs d’activité.

Cet appel à communications invite donc à analyser et expliciter les évolutions des pratiques, les nouveaux agencements homme-IA ainsi que les régulations qui sont à l’œuvre dans différents domaines d’activité.  Comment se construisent des formes de co-design situées avec ces briques d’IA qui s’insèrent dans la majorité des activités humaines ainsi que dans la majorité des métiers (Condé, Ferguson, 2023) ? Les contributions attendues pourront proposer les approches suivantes :

  • L’analyse de la structuration d’écosystèmes documentaires basés sur l’IA,
  • Des retours d’expériences réflexifs sur le déploiement d’outils de ce type,
  • Des observations d’usages situés,
  • Les modalités de co-design entre ces technologies et l’expertise humaine,
  • Les régulations trouvées par les métiers,
  • Les interactions renouvelées et les compétences associées au Prompting et au Fine Tuning notamment,
  • Les biais repérés dans l’apprentissage profond et les conduites adoptées en conséquence,
  • Les impacts sur les organisations et la reconnaissance de l’autorialité,
  • Les enjeux juridiques et économiques associés à ces technologies dans le cadre d’une chaîne de valeur renégociée,
  • La gouvernance et la mise en place de réglementations à différentes échelles (nationales, internationales et européennes) visant à contenir les usages de l’IA.

Des contributions sont attendues sur les axes de la presse et des médias, de la documentation, de l’édition et des bibliothèques, de la veille, de l’intelligence économique et de la “Business intelligence” et enfin de l’enseignement et de l’éducation.

Axe 1 : Presse et médias

L’intelligence artificielle représente un enjeu majeur pour la presse et les médias à plusieurs niveaux (Dierickx, 2019). La génération automatique de contenus à partir de vastes ensembles de données transforme fondamentalement les professions. Que ce soit pour la production de nouvelles, des rapports financiers et des résumés de données, ces transformations replacent les journalistes sur des tâches plus complexes nécessitant une analyse et une perspective humaine. La personnalisation de l’expérience utilisateur par des algorithmes d’IA peut également améliorer l’engagement des lecteurs dans une fidélisation accrue. Dans quelle mesure ces deux évolutions fortes bouleversent-elles les compétences attendues du domaine et la place des professionnel.le.s dans la production de l’information ?

L’utilisation de l’IA dans les médias soulève également des questions éthiques, telles que la responsabilité des informations générées par des algorithmes et la protection de la vie privée des utilisateurs. Dans le même temps, les solutions de fact-checking automatisées peuvent être utilisées pour vérifier rapidement la véracité des informations, aidant ainsi à lutter contre la propagation des fausses nouvelles. Les systèmes d’IA peuvent analyser de grandes quantités de données pour détecter les incohérences et les mensonges potentiels dans les articles. Dans ce contexte, comment les médias construisent-ils la confiance avec la société ?

Économiquement, la réduction des coûts et l’augmentation de l’efficience font également évoluer les modèles de la presse et des médias. En automatisant certaines tâches, les médias peuvent ainsi réduire leurs coûts opérationnels mais pour quel nouvel équilibre ?

Axe 2 : Documentation, bibliothèques et édition

Dans le secteur de la documentation et des bibliothèques, l’IA représente un enjeu significatif sur l’ensemble du cycle de vie du document : production, indexation, classement, analyse et restitutions diverses (Hussain, 2023)… Par ailleurs, les modules conversationnels se greffent sur les moteurs de recherche d’information, la recherche documentaire ne va-t-elle pas ainsi laisser place à une conversation affinée avec des IA génératives de plus en plus spécialisées ? Les interactions se trouvent ainsi remodelées, l’équation booléenne laissant place à l’art du Prompting et du Fine tuning (réglage du modèle). Quelles compétences doivent ainsi être développées dans ce nouveau cadre ? Assiste-t-on au développement d’approches purement heuristiques et pragmatiques ? Ou des connaissances plus profondes sont-elles attachées à ces nouvelles formes d’interaction ?

Quant à l’édition, des formes inédites apparaissent, associant humains et IA générative dans une créativité augmentée. Mais où se situe la nouveauté par rapport à des expériences déjà nombreuses dans les nouvelles formes éditoriales numériques ? Par ailleurs, dans le contexte de l’édition professionnelle, et notamment dans le domaine juridique, les plateformes s’enrichissent progressivement de nouvelles fonctionnalités adossées à un apprentissage profond sur des contenus très spécialisés. Quels en sont les retours des différents usagers ? Où se situe désormais l’expertise humaine, avec quels rôles renouvelés ?

Dans ce nouvel environnement, comment se positionne les professionnel.le.s ? Sur les missions de traitement et d’enrichissement, comment évaluer la valeur ajoutée éventuelle des traitements basés sur l’IA et leur place dans les processus documentaires ?

Comment les interfaces d’exploration et de recherche proposées aujourd’hui en bibliothèques se positionnent-elles par rapport aux interfaces exploitant largement les outils IA pour optimiser les réponses documentaires ?

Axe 3 : Veille, intelligence économique et “Business Intelligence”

D’une manière générale, les technologies liées à l’IA ont été intégrées progressivement aux plateformes de veille qui – rappelons-le – ont pour principal objectif de collecter des informations stratégiques pour un environnement défini au préalable. Tous les étages de la veille sont concernés :  les modules de recherche sur le web qui moissonnent un ensemble de sources, le traitement documentaire et les aides à l’analyse. L’automatisation est désormais amplifiée avec le traitement de documents multiples, le repérage des sources d’un corpus, la détection des éventuelles IA employées pour la rédaction, etc.

De la veille à la cybersurveillance, il n’y avait qu’un pas à franchir que nombre d’acteurs ont réalisé (ex : Amisoftware et Bertin IT), de même que l’exploitation des données personnelles est devenue une manne infinie pour les entreprises high-tech. Il serait donc utile de s’intéresser aux glissements de compétences et aux objectifs poursuivis par l’intelligence économique lorsque ses acteurs utilisent l’IA.

Les plateformes de BI qui prospèrent dans la gestion des tableaux de bord proposent aux entreprises de nouveaux outils d’investigation capables de cartographier les thématiques, de générer automatiquement des recommandations lors des reportings, de prédire les comportements, d’anticiper les évolutions. Les métiers de la veille, de l’IE et de la BI en sont-ils transformés ? Par ailleurs, les compétences liées au traitement des données ne sont-elles pas survalorisées au détriment des qualités communicationnelles ?

Axe 4 :  Enseignement et éducation

Les enjeux et usages des technologies IA dans le domaine de l’enseignement et de l’éducation ouvrent de vifs débats tant au niveau de l’Université que dans l’enseignement secondaire. Rejeter ou intégrer ces technologies dans les processus d’apprentissage ? Avec quel encadrement ? Les modèles et objectifs pédagogiques et d’éducation (développement du raisonnement et de l’esprit critique) sont-ils conciliables avec des logiques de performance individualisée que portent de nombreux projets algorithmiques dans ce secteur, coach individualisé notamment. Pour l’enseignant, quelles aides peut-il trouver dans cette appropriation de briques IA ? Quelles compétences ? Quels encadrements par l’institution éducative (Unesco, 2023) (Colin de la Higuera, Jotsna Iyer) ?  A l’université, les usages se développent rapidement aussi bien pour les enseignants que pour les étudiants (Compilatio, Sphinx, 2023).    Se pose alors la question des types d’usages permis, de leur transparence et des modes d’évaluation renouvelés dans un contexte où la rédaction d’un mémoire n’est plus garante d’un travail personnel.

A la suite de la 6e conférence Document numérique et Société qui avait pour thématique le Big Data et l’Open Data, organisée par l’ESI à Rabat, et de la 7e conférence qui traitait des Humains et des Données, organisée par le Crem à Nancy, cette nouvelle conférence a pour objectif de traiter de l’IA dans les secteurs de l’information, de presse et des médias, des bibliothèques et de l’édition, de la documentation et de la veille. Elle favorisera les études de cas, les observations et les retours d’expériences mais aussi les réflexions théoriques et critiques.

La conférence Document Numérique & Société est une conférence qui se déroule tous les deux ans depuis 2006 et réunit des chercheuse.rs intéressé.es par l’évolution de la place du document dans notre société, en apportant des éclairages sur les dimensions économiques et sociétales des documents et des données numériques.

Bibliographie

Broudoux, E. (2022). Éditorialisation et autorité. Dispositifs info-communicationnels numériques.De Boeck Supérieur, Information et Stratégie, 224, 978-2-8073-4084-8.⟨hal-03942725⟩

Chartron, G., Broudoux, E. (2015). Big Data – Open Data : Quelles valeurs ? Quels enjeux ? Actes du colloque « Document numérique et société », Rabat. De Boeck Supérieur.https://doi-org/10.3917/dbu.chron.2015.01

Chartron, G. & Raulin, A. (2022). L’intelligence artificielle dans le secteur de l’information et de la documentation : défis, impacts et perspectives. I2D – Information, données & documents, 1, 8-12. https://doi-org.proxybib-pp.cnam.fr/10.3917/i2d.221.0008

Colin de la Higuera et Jotsna Iyer, L’IA pour les enseignants, un manuel ouvert,

https://www.ai4t.eu/book/ia-pour-les-enseignants–un-manuel-ouvert-1/about-this-book?path=index

Compilatio, Sphinx, Résultats d’enquête : enseignants et étudiants confrontent leurs regards sur l’IA, 7/11/23, https://www.compilatio.net/blog/communique-presse-enquete-ia-2023

Condé, Ferguson (2023), rapport d’enquête usages et impacts de l’IA sur le travail, au prisme des décideurs,  https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/enquete_laboria.pdf

De Corbière, F., Elie-Dit-Cosaque, C. & Leclercq-Vandelannoitte, A. (2023). Intelligence artificielle et recherche en management des systèmes d’information : menace ou opportunité ?. Systèmes d’information & management, 28, 3-9.

https://doi-org.proxybib-pp.cnam.fr/10.54695/sim.28.1.0003

Dierickx, L. (2019). Information automatisée et nouveaux acteurs des processus journalistiques. Sur Le Journalisme, About Journalism, Sobre Jornalismo, 8(2), 154–167. https://doi.org/10.25200/SLJ.v8.n2.2019.408

Epron, B., Vitali-Rosati, M., L’édition à l’ère numérique. La Découverte, « Repères », 2018, ISBN : 9782707199355. DOI : 10.3917/dec.epron.2018.01. URL : https://www.cairn.info/l-edition-a-l-ere-numerique–9782707199355.htm

Hilt, K. (2017). What Does the Future Hold for the Law Librarian in the Advent of Artificial Intelligence? / Que réserve l’avenir pour le bibliothécaire de droit avec la venue de l’intelligence artificielle?Canadian Journal of Information and Library Science 41(3), 211-227. https://www.muse.jhu.edu/article/686190

Hussain, A. (2023), « Use of artificial intelligence in the library services: prospects and challenges », Library Hi Tech News, Vol. 40 No. 2, pp. 15-17. https://doi.org/10.1108/LHTN-11-2022-0125

Lelu, A., & Rosenblatt, D. (1986). Représentation et parcours d’un espace documentaire. Analyse des données, réseaux neuronaux, et banques d’images. Les Cahiers de l’Analyse des données, 11(4), 453-470.

LINC-CNIL, [Dossier IA générative] – ChatGPT : un beau parleur bien entraîné, avril 2023,https://linc.cnil.fr/dossier-ia-generative-chatgpt-un-beau-parleur-bien-entraine

Mignot, L. & Schultz, É. (2022). Les innovations d’intelligence artificielle en radiologie à l’épreuve des régulations du système de santé. Réseaux, 232-233, 65-97. https://doi-org.proxybib-pp.cnam.fr/10.3917/res.232.0065

Tarride, S., Boillet, M., Moufflet, JF., Kermorvant, C. (2023). SIMARA: A Database for Key-Value Information Extraction from Full-Page Handwritten Documents. In: Fink, G.A., Jain, R., Kise, K., Zanibbi, R. (eds) Document Analysis and Recognition – ICDAR 2023. ICDAR 2023. Lecture Notes in Computer Science, vol 14189. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-031-41682-8_26

Unesco (2023), Guidance for generative AI in education and research, 44p,https://www.unesco.org/en/articles/guidance-generative-ai-education-and-research

Vuarin, L. & Steyer, V. (2023). Le principe d’explicabilité de l’IA et son application dans les organisations. Réseaux, 240, 179-210.https://doi-org/10.3917/res.240.0179

Les auteurs sont appelés à soumettre en ligne leurs propositions sous la forme d’un fichier .doc ou .rtf.  ou .odt anonymisé (évaluation en double-aveugle) à partir de la plateforme de l’événement

Plateforme de l’événement

Les propositions de communications respecteront le format suivant : environ 5000 signes, (espaces comprises, bibliographie en plus), présentation de la problématique, du cadre théorique, avec des références bibliographiques centrales et, selon le cas, présentation de la méthodologie et des données. Les communications en anglais sont acceptées. Des éléments bibliographiques accompagnent la proposition.

Les propositions doivent être déposées au plus tard le sur la plateforme SciencesConf.org. Les articles issus des propositions retenues, après évaluations, doivent être présentés à la conférence le 2024. La publication des Actes aura lieu après le colloque dans la collection « Information & Stratégie » de l’éditeur De Boeck, au début de l’année 2025.

Responsables scientifiques

Evelyne Broudoux, CNAM, Dicen -IDF

Ghislaine Chartron, CNAM, Dicen-IDF

Benoît Epron, HEG Genève, HES-SO

Calendrier

  • Appel à communications : 4 décembre 2023
  • Date limite d’envoi des propositions de résumés : 8 février 2024
  • Retour des évaluations par le comité scientifique : 10 mars 2024
  • Notification des réponses aux auteurs : 15 mars 2024
  • Articles définitifs attendus : 15 mai 2024

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