Art-design et invention du futur

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Expected response for the 08/10/2023

Response type Résumé

Event type colloque

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Event place Institut Supérieur des Arts et Métiers de Sfax , Sfax , Tunisie

Argumentaire

Anticiper le futur, aspirer à en définir les caractéristiques et tenter de le gérer et de l’inventer ; sont parmi les choses les plus importantes qui distinguent les cultures modernes et contemporaines des cultures traditionnelles se tournant vers le passé, s’y accrochant et cherchant à le préserver et à le reproduire. La désignation par l’UNESCO du 02 décembre de chaque année comme Journée mondiale des futurs, est dans ce contexte, une attestation de l’importance de la fabrication du futur.

Et, si les Future Studies et les spécialités qui s’y rapportent telles que la Futurologie représentent aujourd’hui une tendance scientifique émergente consistant à explorer les alternatives futures possibles usant d’une méthodologie dans laquelle de multiples techniques prédictives sont appliquées, cela ne signifie nullement que ces spécialités monopolisent l’invention du futur, et que la réflexion sur ce dernier et l’aspiration à un avenir meilleur ne peuvent être atteintes qu’en collectant des données du présent et du passé après les avoir converties en ratios, chiffres et indicateurs.

Il existe, en fait, d’autres voies pour imaginer et explorer le futur et aspirer à des alternatives pour la réalité existante. Parmi ces voies figurent les pratiques d’art et de design reposant principalement sur l’imagination, l’innovation et la manipulation du monde,  non comme un simple objet qu’on se contente de le détailler et de le fragmenter en composants et éléments qu’on peut décrire et analyser, afin d’en tirer les lois qui régissent son fonctionnement ; mais plutôt comme un projet susceptible au changement et à l’amélioration,  afin de changer la nature des interactions qui s’opèrent entre ses habitants et leur environnement, et d’optimiser la qualité des expériences qu’ils vivent et des actions qu’ils accomplissent.

Le futur que les artistes et les designers aspirent à créer est parmi les questions que ce colloque cherche à soulever : ce futur est-il le résultat de l’innovation ? Est-il uniquement une émanation de l’imagination, et n’a-t-il donc aucun rapport avec la réalité dans laquelle vivent ces créateurs ? Ou est-ce qu’il est le résultat d’une interaction avec la réalité et le fruit de défis difficiles et de situations gênantes, indésirables et difficiles à résoudre par les moyens habituels ?

Il est nécessaire d’ « imaginer quelques dispositions visant à changer une situation existante en une situation préférée », selon les propos d’Herbert Simon dans sa célèbre définition du design. Cela nous amène à nous nous demander : comment la réalité et ses problèmes nourrissent-ils l’imagination du designer ? Comment se fait-il que les situations indésirables ne représentent pas un obstacle pour le concepteur, mais plutôt une opportunité qui ouvre les portes du possible et du choix, et permet ensuite le passage à quelque chose de nouveau et à une situation meilleure que la situation existante ? Comment ces situations donnent-elles au designer la possibilité d’introduire des variations dans le monde qui ne viennent pas à l’esprit des autres n’ayant même pas l’audace de les imaginer ? Comment le designer introduit-il ces changements et imagine-t-il le futur en s’appuyant sur des plans qu’il commence à concevoir en collectant les données nécessaires se rapportant à la situation sujet de sa pensée ? Et, pour appliquer cette pensée, comment  use-t-il, en plus de son imagination, les ressources, les matériaux, les techniques et les outils disponibles à son époque ?

Dans ce colloque scientifique, la question porte aussi sur le futur que recherche l’artiste : comment ses traits se forment-ils à partir de la réalité, de ses problèmes et soucis, ainsi que de ses horizons rétrécis, et du désir constant d’élargir son champ et de l’ouvrir à de nouvelles possibilités et à un avenir meilleur, afin qu’il y ait toujours de la place pour une vie décente ? Comment l’artiste capte-t-il, aux confins du réel, des souffrances des individus et des angoisses des âmes, ces possibilités qui n’existent pas encore, mais qui lui surgissent de loin, pour les concrétiser, à travers les couleurs, les formes et les matières, de sorte qu’on y prête attention et qu’elles apparaissent comme un nouveau possible, comme une fenêtre ouverte sur ce qui est à venir, et comme un apport utile au monde dans lequel nous vivons ?

La question du futur créé par les designers et les artistes est donc la problématique centrale  sur laquelle s’ouvre le thème de ce colloque scientifique : ce futur a-t-il un avenir en l’absence de participation des membres de la société à sa création ? Imaginer le futur nécessite-t-il seulement un designer talentueux, doté d’une capacité d’innovation supérieure et d’une imagination large qui lui permet de laisser son empreinte sur les produits artificiels et sur l’environnement dans lequel il intervient plus généralement ? Ou bien cette tâche exige-t-elle que les designers mettent leurs hautes capacités créatives et leurs connaissances en design à la disposition des individus, afin de réserver une place aux acteurs sociaux et aux citoyens ordinaires dans le parcours du design ? Les designers sont-ils ainsi amenés à se transformer en catalyseurs d’idées et de propositions, et en amplificateurs des capacités inhérentes aux individus, afin que ce futur souhaité exprime véritablement leurs espoirs et réponde à leurs besoins, qu’ils soient récepteurs d’œuvres d’art ou utilisateurs de produits design ?

L’une des prémisses sur lesquelles repose cet argument d’introduction au colloque est l’hypothèse voulant que la capacité du designer à changer la réalité et à prévoir les alternatives possibles dépend de son aptitude à interagir avec les défis réels auxquels sont confrontés les membres de la société, à assimiler la culture de la durabilité, et à revisiter les significations originales inhérentes au design telles que le rêve, la conception et la planification. Il s’agit de partir du fait que le design soit une pratique basée sur la possibilité et la probabilité, une pratique qui vise à améliorer la résidence dans le monde et atteindre le bonheur humain, une pratique qui va au-delà de donner forme aux objets et aux produits pour nouer des relations et organiser le monde.

Parmi ces prémisses figure également l’affirmation selon laquelle l’art et sa vie dépendent de la capacité des artistes à élargir nos visions de la réalité où nous vivons, afin que nous ayons la possibilité de la remodeler selon nos désirs et nos aspirations, et la possibilité de l’inventer sans cesse, et d’en étendre la capacité, jusqu’à sortir de l’emprise de la tendance techniciste étroite et autoritaire qui a séparé les ressources et les objets qui remplissent notre espace urbain de leurs contextes sociaux, et les a dépouillés  de leurs valeurs esthétiques et humaines. En fait, l’un des rôles les plus importants que l’art peut jouer dans les villes du futur est d’aider les gens à découvrir les significations et les valeurs inhérentes aux choses, aux biens, aux activités et aux actions quotidiennes, et de partager des expériences même s’ils ne les acceptent pas, tous, de la même façon. Ce qui importe c’est qu’ils se rendent compte qu’il est utile de se rencontrer sur quelque chose et d’échanger des expériences les uns avec les autres, quel que soit le type de ces expériences.

Cet argument ne pourra être clôturé sans nous interroger sur cet acte par lequel artistes et designers aspirent à créer le futur : est-ce vraiment une action neutre ? Est-il à l’abri du risque et de l’incertitude ? Est-il dépourvu de toute dimension éthique ? Est-il possible de le réaliser sans en assumer la responsabilité et en évaluer les conséquences ?

Que les artistes et les designers sachent que lorsqu’ils créent le futur selon leurs visions et leurs aspirations, ils ferment en même temps d’autres possibilités avec lesquelles nous pouvons imaginer l’avenir. C’est la preuve de l’importance de cet acte et de sa gravité à la fois. Puissent les artistes et designers l’aborder avec beaucoup d’espoir et beaucoup de prudence.

Axes du colloque :

  • Le designer et l’artiste d’aujourd’hui face aux défis du futur : quels rôles et quelles responsabilités ?
  • Quel rôle jouent le design et les arts dans l’imagination des villes du futur ?
  • Comment le design peut-il s’engager dans une culture de durabilité, afin que la satisfaction des besoins des sociétés actuelles ne se fasse pas au détriment du droit des générations futures à un environnement sain et à un monde équilibré ?
  • Comment l’art peut-il contribuer à sensibiliser aux questions de l’environnement et de la durabilité et à façonner les caractéristiques d’un futur plus durable ?
  • Quelles chances pour l’art et le design à façonner l’avenir à une époque régie par la technologie et les sciences avancées ?
  • Quelle efficacité des approches artistiques pour créer le futur ?
  • Invention du futur par la libre pensée créatrice dans l’art et le design : quel respect de l’éthique

Modalités de participation

Les propositions doivent s’inscrire dans l’un des axes du colloque.

Les propositions doivent être envoyées sous forme de fichier Word comportant des informations sur l’auteur (Nom, prénom, statut professionnel, établissement, adresse électronique), le titre de la communication, un résumé de 300 signes, accompagné de mots clés (entre 5 et 7 mots) et une bibliographie (de dix références au minimum entre livres et articles scientifiques ayant un rapport direct avec le sujet de la recherche).

Les résumés des communications sont à envoyer par mail jusqu’au 08 octobre 2023, date limite de soumission des propositions, à l’adresse suivante : colloque.inventionfutur@gmail.com

Les communications, dans leur version définitive (presque 5000 signes), seront à nouveau expertisées en double aveugle, après le colloque, pour donner lieu à une publication des actes.

Dates clés

  • Déroulement du colloque : 8 et 9 décembre 2023
  • Dernier délai pour envoyer les propositions : 8 octobre 2023
  • Sélection des propositions de communications par le comité scientifique : 22 octobre 2023
  • Dernier délai pour envoyer les textes définitifs : 19 novembre 2023
  • Sélection des communications retenues par le comité scientifique : 3 décembre 2023

Comité scientifique

  • Fetah Ben Ameur, Professeur, Université de Sfax
  • Hatem Abid, Professeur, Université de Sfax
  • Ikbel Charfi, Professeure, Université de Sfax
  • Dominique Chateau, Professeur émérite, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, France
  • Bernard Paquet, Professeur, Université Laval, Québec, Canada
  • Said Taoufik, Professeur, Université du Caire, Egypte
  • Naceur Stamboul, Professeur, Université d’Oran, Algérie
  • Faten Chouba Skhiri, Professeure, Université de Sousse
  • Omm Ezzine Ben Chikha, Professeure,Université Al Manar
  • Kamel Kchaou, Maître de conférences, Université de Sfax
  • Wahid Away, Maître de conférences, Université de Sfax
  • Mohamed Hedi Dahmen, Maître de conférences, Université de Sfax
  • Myriam Gargouri, Maître de conférences, Université de Sfax
  • Amin Hadj Tayeb, Maître de conférences, Université de Sfax
  • Anis Ben Salem, Maître de conférences, Université de Sfax
  • Wahid Lajmi, Maître de conférences, Université de Sfax
  • Yosra Zaghden, Maître de conférences, Université de Sfax
  • Ramzi Turki, Maître de conférences, Université de Sfax
  • Khaled Abida, Maître de conférences, Université de Monastir
  • Sadak Touil, Maître de conférences, Université de Gabès
  • Olfa Njima, Maître de conférences, Université de Gabès
  • Habib Zouinekh, Maître de conférences, Université de Gabès

Comité d’organisation

  • Fatma Dammak, Université de Sfax
  • Nizar Trichilli, Université de Sfax
  • Hela Zweri, Université de Sfax
  • Noomen Maaloul, Université de Sfax
  • Safwen Aloulou, Université de Sfax
  • Lobna Kabedou, Université de Sfax
  • Karim Abdmouleh, Université de Sfax
  • Hend Dahmen, Université de Sfax
  • Imen Maaloul, Université de Sfax
  • Dhiea Garmit, Université de Sfax

Coordinatrice du colloque

  • Yosra ZAGHDEN, Université de Sfax

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