Communication & Professionnalisation

Les champs professionnels de la communication des organisations publiques en mutation

Expected response for the 01/04/2023

Response type Résumé

Expected contribution type article

Publication name Communication & Professionnalisation

La revue Communication & Professionnalisation lance un appel à articles pour son numéro spécial sur “Les champs professionnels de la communication des organisations publiques en mutation”. La remise des propositions est pour le 1er avril et la publication prévue en décembre 2023.

Présentation

Ce dossier de Communication & Professionnalisation vise à étudier spécifiquement les évolutions du champ de la communication des organisations publiques et non marchandes qui participe à la représentation de l’action publique. De nouveaux usages amènent à se questionner sur la définition de la communication publique, sur son rôle, sur la professionnalisation de ses acteurs et sur les enjeux auxquels elle fait face.

Si « le lieu de naissance de la politique est l’espace entre les hommes » (Hanna Arendt), l’enjeu pour la communication publique est de créer cet espace en termes de temporalité et de médiation, en portant le discours et en rapportant les réactions afin de faire émerger une représentation qui rassemblera les parties prenantes.

Axes proposés

Les contributions pourront s’inscrire dans l’un ou plusieurs des axes de questionnement suivants :

1)    Quelle portée pour la définition de la communication publique ?

Les contributions pourront porter sur la variété de définitions identifiées, entre le modèle franco européen (communication des institutions publiques), le modèle anglo-saxon (communication dans l’espace public, au regard de l’isomorphisme mimétique associé à la popularité d’une forme organisationnelle, des pratiques acquises ou des comportements généralement acceptés par les pairs, au Canada ou en Espagne)[1], et les approches spécifiques telle la conceptualisation néerlandaise de « voorlichting » (communication éclairant le chemin à prendre)[2].

Cet axe aborde le départage entre communications publique et politique, soit une question désormais assez ancienne[3] entre une logique de différenciation (à l’instar de la Loi de 1990 en France, de la Loi du 7 juin 2000 en Italie[4]) et des rapprochements variables dans le temps et inhérents aux fonctionnements des institutions publiques bureaucratiques au sens de Max Weber[5].

Que disent les niveaux de rattachement dans les organigrammes ? Comment les logiques organisationnelles traduisent-elles les logiques de pouvoir (gouvernance) et quel est leur impact sur la communication publique ? Que nous apprennent les tensions entre centralisation (imposition par le pouvoir – top down, par exemple dans les collectivités territoriales françaises) et décentralisation (rapprochement – bottom up, à l’exemple de la communication étatique nationale et déconcentrée[6]) ? Qui mène le bal entre communication interne, communication “marketing externe” et communication institutionnelle ? Comment les différentes formes de communication sont-elles traduites au niveau des lignes budgétaires officielles ou rattachées à des actions publiques spécifiques[7] ?

Plus largement quel est le rôle de la Communication des organisations publiques entre indifférenciation dans la communication des organisations (par exemple en Espagne[8]) et un modèle standard (isomorphisme normatif) comme pour les pays du Maghreb par rapport la France.

2)    Quelle place et quel rôle pour la communication publique : se transforme-t-elle sous la pression du modèle gestionnaire ou sous l’injonction sociétale ?

Cet axe souligne le dialogue entre le temps long et le temps court comme un moteur des évolutions de l’action publique et de la communication comme support et mise en œuvre[9]. Il invite à se pencher sur l’impact des effets de mode au niveau du plan structurel par rapport au développement des méthodologies d’anticipation des attentes et représentations du public ou du développement de nouvelles politiques publiques : ainsi le Management public (années 80), la Nouvelle gestion publique (années 90), ou encore le Design public (années 2010).

Toutefois, Les Pays-Bas peuvent apparaître pionniers dans un rapprochement entre institution (pouvoir) et citoyen (participation)[10], dans une perspective communicationnelle de symétrie bidirectionnelle (partage versus concertation) et d’injonction sociétale[11], dans l’intégration communicationnelle des usages des citoyens [12] en termes d’engagement, d’utilisation de tableaux de bord et de transparence inscrite dans le cadre légal[13].

Où situer la communication publique et comment en interpréter la transformation ?

 3)    Quelle professionnalisation pour les communicateurs ?

Quatre entrées se dessinent dans cet axe qui se penche sur les trajectoires professionnelles, poursuivant les réflexions sur les mutations des métiers[14].

– Quel départage dans la communication des institutions entre des logiques centripètes qui s’opèrent par différents acteurs et composantes des organisations, ou centrifuges par la recherche de centralisation et de cohérence ? Comment s’opèrent les transferts de compétences et les transferts de personnels du pouvoir central vers les territoires dans les opérations de décentralisation et quelles sont leurs conséquences en termes de communication[15] ?

– La représentation professionnelle semble capitale dans les processus de reconnaissance des professionnels de la communication des organisations publiques, écartant le modèle classique des fonctionnaires longtemps perçus comme généralistes[16]. Quels rôles pour les associations professionnelles ? Quelles sensibilisations des formations des (hauts) fonctionnaires publics pour la reconnaissance de la communication publique en termes de légitimité ? Quelles éthiques professionnelles pour les métiers de communicateurs publics (chartes, manifestes, prix etc.) ? Quel rôle jouent les valeurs du service public dans l’ethos du communicant public et constituent-elles un socle commun ou un obstacle à la carrière ?

– Mais on note également l’émergence de nouveaux métiers (Community Manager, chargé de participation et de concertation…) qui, parce qu’ils sont récents et d’un coût modeste, ne bénéficient pas encore d’une forte reconnaissance institutionnelle.

– La mise en scène et la promotion de l’action publique, l’accompagnement du changement font partie des missions de la communication publique. On note des comportements plus professionnels, des attitudes individuelles autour des notions de métiers[17], des transformations organisationnelles par l’approche dite agile. Ces nouveaux mots d’ordre managériaux (tels des « éléments de langage » tant sémantiques que méthodologiques) sont issus, plus ou moins directement, de la consultance anglo-saxonne et cette quatrième entrée permet de questionner le rôle des cabinets privés dans l’institutionnalisation de la communication publique.

4)    Les enjeux et nouveaux mots d’ordre de l’action publique facteurs de communication ?

Dans ce dernier axe, nous proposons des regards croisés ou critiques sur les phases d’introspection, de réflexion et d’anticipation.

Nous invitons à questionner les impositions coercitives des processus managériaux, toujours plus présents, dans une logique dominante top down par rapport à leurs effets en termes de communication publique. Il s’agit d’un changement de paradigme du modèle bureaucratique (orienté sur les moyens) vers le modèle managérial (orienté sur les résultats)[18].

De nouveaux mots d’ordre gestionnaires paraissent repris dans le champ des organisations publiques. Citons la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) ou encore le SDG (Sustainable Development Goals). Les enjeux environnementaux semblent aujourd’hui impacter sociétalement la communication publique pour veiller à plus d’actions responsables. A l’instar du guide de la communication économe de l’environnement, la communication publique est montrée comme exemplaire avec en France le soutien de l’ADEME (Agence de la transition écologique)[19]. Plus largement la RSE de l’action publique constitue-t-elle une sorte de window dressing gestionnaire ou fait-elle partie intégrante de sa raison d’être sociétale ?

On note des injonctions relayées au niveau européen en matière de Participation et de Concertation. Pour autant, le référendum territorial n’est pas reconnu constitutionnellement en Belgique et est très corseté juridiquement en France. Le développement de la gouvernance est surtout d’origine européenne en ouvrant les processus de décisions à d’autres acteurs, avec des communications et des négociations. Ces mots d’ordre servent-il à une communication d’ouverture ou changent-ils fondamentalement la donne dans l’exercice du pouvoir ?

Des signes que la communication marketingsemble aujourd’hui en recherche d’un nouvel équilibre entre concurrence (entre les collectivités territoriales) et coopération (quelle place pour la territorialité et le city branding ?). Par exemple à Gand avec North Sea Port et Anvers avec le port Antwerp – Bruges (avec des concurrences économiques fortes pour attirer industries, investisseurs et personnels qualifiés /cf. Marque employeur), ou encore un rapprochement entre les villes longtemps rivales de Lyon et de Saint-Etienne au sein d’une coopération territoriale propice à offrir une plus grande capacité d’accueil et de développement économiques sur des espaces territoriaux plus vastes.

Nous relevons une plus grande identification des enjeux numériques de la communication [20] des organisations publiques en termes de management des services[21] ou de changements et de modernisations des supports de communication[22]. Comment s’opèrent la mise en cohérence et l’optimisation de la communication publique numérique ?

Évolue-t-on vers une souveraineté numérique, vers plus de participation des citoyens ? Qu’en est-il de l’open data et du cadre légal de la protection des données des personnes privées par rapport à l’usage des plateformes digitales payantes (utilisation de pages Facebook, Instagram, et autres par des acteurs publics[23].

Coordination scientifique

  • Dominique Bessières, Maître de Conférences Hors-Classe en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Rennes 2 – PREFICS
  • Anne-Marie Cotton, Artevelde University of Applied Sciences, LASCO et MICA

Calendrier et consignes aux auteurs

  • Remise des propositions : 01 avril 2023
  • Retour aux auteurs : 02 mai 2023
  • Texte complet réceptionné : 30 juin 2023
  • Retour des évaluateurs : 15 septembre 2023
  • Remise texte final : 30 octobre 2023
  • Publication : décembre 2023

Les auteurs sont invités, dans un premier temps, à proposer une intention à soumettre d’ici le 1er avril 2023, via le site internet de la revue, en français ou en anglais. Les intentions feront entre 1200 et 1500 mots (bibliographie non comprise). Elles présenteront le titre, éventuellement l’axe dans lequel s’insère de façon préférentielle cette proposition, la problématique, la méthodologie adoptée, le cas échéant, et les principaux résultats qui seront développés.

Sous réserve d’un retour favorable sur ces intentions, les auteurs devront par la suite soumettre une première version de leur article complet au plus tard le 30 juin 2023, en français ou en anglais, en suivant les normes de la revue sur son site.

Communication & Professionnalisation est une revue scientifique reconnue du domaine des SIC (71e section du CNU, CPdirsic, SFSIC). Elle fonctionne sur le mode de la publication continue : plusieurs dossiers thématiques sont ouverts simultanément sur le site de la revue, et les articles soumis et acceptés pour publication dans ces dossiers sont publiés un à un sur le site, au moment de leur finalisation, sans attendre que l’ensemble du dossier soit prêt à être publié. La revue est également intéressée à des propositions hors thématique.