Le politique est dans la place

Discours et usages des places publiques

Posted on

Expected response for the 15/09/2021

Response type Résumé

Event type journee-etude

Event dates
  • From at

Event place coming soon

Cette journée d’étude centrée sur la question des places publiques s’inscrit dans l’axe scientifique Langages & Politiques de la MSH-Alpes. La question centrale qui animera les communications sera donc la suivante : comment, dans quel cadre et dans quel contexte la place publique sert-elle à produire et à véhiculer un discours -et donc un langage- politique ?

La place publique sera entendue dans un premier temps dans son sens le plus courant à savoir de « lieu public consistant en un espace plus ou moins large, découvert et le plus souvent entouré de bâtiments publics, où aboutissent plusieurs rues ou avenues, et où ont lieu souvent des activités commerciales, festives ou publiques » (Tlfi, II.A.1 s.v. place). Cependant, pour ne pas restreindre la réflexion à des pratiques liées à l’urbanisme européen moderne et contemporain et à sa diffusion dans le monde, nous pourrons retenir une définition de base plus large, celle d’espaces ouverts et découverts insérés dans la trame urbaine, ce qui permettra d’inclure dans notre réflexion des pratiques de l’espace urbain éloignées culturellement (soit géographiquement, soit chronologiquement) du modèle européen.

Lieu propice aux échanges de toute sorte du fait qu’elle permet, plus que d’autres espaces, la réunion d’un grand nombre de personnes, la place, théoriquement ouverte et accessible à tous, est un lieu d’expression de moments de la vie commune. Par ailleurs, du fait de la centralisation des fonctions communes (politique, économique, religieuse…) qui peuvent la caractériser (du forum romain à la place de l’Hôtel de Ville), du fait de la monumentalisation dont elle peut faire l’objet, la place est aussi un lieu de mise en scène du pouvoir. Elle est donc au croisement d’un côté de la vie commune dans ce qu’elle peut avoir de quotidien, de spontané, ou d’étranger à la vie institutionnelle, et de l’autre côté de l’organisation de l’espace et de la vie civique par la puissance publique. C’est à ce titre – et pas seulement pour des questions pratiques liées à la configuration spatiale – que la place publique peut être investie par la population pour exprimer, plus ou moins spontanément une opinion favorable ou défavorable au pouvoir en place.

Dans cet investissement de l’espace se crée et se développe un ou des langages politiques dont cette journée d’étude voudrait aborder quelques aspects. Nous voudrions étudier les logiques d’usage de l’espace en essayant de faire porter notre attention particulièrement sur les moments où ces usages de l’espace deviennent politiques, c’est-à-dire au moment où ils sont investis d’une charge qui s’exprime à travers différents types de discours : rumeur, violence, rhétorique, détournement… Cette journée sur les places s’inscrit ainsi pleinement dans la problématique centrale de l’axe Langages & Politiques qui est celle de la naissance politique dans le discours, autrement dit encore, sur ce qui rend un discours politique.

Les communications pourront prendre comme objet d’étude n’importe quel espace urbain entrant dans la définition donnée plus haut, quelle que soit l’époque ou la zone géographique concernée.

La journée se déroulera autour de trois problématiques dans lesquelles les communications s’inscriront :

Des monuments et des hommes

Cette thématique vise à centrer la réflexion sur la présence concrète des places publiques dans l’espace urbain. Dans la réflexion sur la création d’un langage politique, il s’agira de montrer comment l’architecture, la topographie des places, leur configuration architecturale, la toponymie peuvent se charger d’une signification politique, que l’on se place du point de vue de la puissance publique qui bâtit la place et ses monuments, en prévoit et en norme les usages, en utilise l’espace, le nomme et le contrôle, ou bien du côté du corps civique et des acteurs non institutionnels qui procèdent à des appropriations ou réappropriations de cet espace, en créant des utilisations possiblement divergentes de celles prévues par le pouvoir, en renommant parfois, en allant aussi jusqu’à réaménager, même temporairement, l’espace.

La place de l’écrit

Si le programme Langage et politique ne se cantonne pas au simple discours politique oral ou écrit, cependant, l’écrit tient une grande place dans la politisation des places publiques. En effet, pour faire le lien avec l’axe précédent, on pourra prendre comme étude la présence de l’écrit sur la place publique, dans le double positionnement qui est le nôtre sur ces questions de discours : à la fois produit par la puissance publique qui encadre ou cherche à encadrer (inscriptions officielles, dédicaces de monuments, affichage public…), mais aussi issu de l’expression spontanée (banderoles, affichages). À ce titre on pourra aussi s’intéresser à la destruction/correction de l’écrit affiché sur la place publique.

Par ailleurs, la place publique apparaît aussi comme un objet d’écrit : elle trouve en effet aussi sa place comme lieu décrit, caractérisé comme politique par le discours littéraire, le texte de presse…

Usages politiques de la place

La place publique par ses dimensions, par la concentration de bâtiments pris en charge par la puissance publique est un lieu privilégié de la mise en scène du pouvoir, de célébrations collectives. Ainsi, on pourra s’interroger sur la manière dont le pouvoir gère, organise, prévoit l’affluence sur les places, quels rôles il réserve à la foule. Parallèlement, la place est aussi un lieu d’occupation spontanée, lorsque la foule s’empare de l’espace. À nouveau la question des usages de la place publique dans ce contexte particulier pourra être pris en considération. Ce pourrait être l’occasion de questionner les modalités de confrontation de ces deux types d’usage, qui peut parfois évoluer en violence, mais aussi faire place à des pratiques de masse résolument non-violentes (performances, sit-in…).

Calendrier

  • Cette journée d’étude se tiendra le 21 janvier 2022.
  • Merci d’adresser vos propositions (500 mots maximum, pour une communication d’environ 20 minutes) avant le 15 septembre 2021 à : copil-lpol@univ-grenoble-alpes.fr
  • Réponse transmise le 27 septembre 2021.

Keywords