Enseignement de la communication à des non-spécialistes et recherche en lettres, arts, sciences humaines et sociales

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Argumentaire

Constats

La « communication » est enseignée à des non-spécialistes dans différentes formations de l’enseignement supérieur (IUT, BTS, Licence, et de nombreux Masters, et écoles d’ingénieur). Plusieurs appellations coexistent pour désigner cet enseignement (notamment « Expression-Communication », « Culture-communication », « Communication écrite et orale », etc.) ; nous retiendrons le terme générique de « Communication » dans la suite de l’appel, que nous centrerons sur le cas des IUT, sans pour autant nous y restreindre. En effet, la réflexion menée pourra porter sur des enseignements équivalents dans d’autres types de cursus. Ce type de cours couvre un large champ de contenus et de méthodes ; c’est d’ailleurs une des réflexions fondatrices de la revue Pratiques de la Communication.

Ainsi, tout en relevant du domaine d’expertise des Sciences de l’Information et de la Communication (Alves & Simon, 2020), l’enseignement de communication peut néanmoins s’appuyer sur plusieurs champs disciplinaires. De plus, ces enseignements sont dispensés en partie sous la forme de travaux pratiques, où il s’agit « moins [de] transmettre des contenus [que de] développer les savoir-faire et savoir-être qui permettront aux étudiants de construire leur parcours personnel et professionnel, et de trouver leur voie en étant pleinement conscients des enjeux d’une communication à la fois éthique et efficace. » (ibid.).

S’il se nourrit largement des Lettres, Arts et Sciences Humaines et Sociales (LASHS), l’enseignement de communication ne relève pourtant pas seulement de l’interdisciplinarité, au sens d’un « croisement de perspectives opéré par des experts de différents domaines confrontant et interfécondant leurs savoirs disciplinaires sans toutefois sortir de leur statut et de leur discours d’expert » (Citton, 2017, p. 538). Il serait également caractérisé, sur le plan didactique, par son indisciplinarité, qui consiste « non seulement à croiser horizontalement les approches […] mais aussi à intégrer verticalement les sensibilités et les savoirs développés par chaque individu au sein des différentes sphères de son existence (professionnelle, artistique, citoyenne, religieuse, sportive, etc.) » (ibid.).

De plus, à la diversité des disciplines mobilisées se superpose, dans la population enseignante des IUT, une diversité de statuts (MCF, PRAG, PRCE, vacataires, contractuels, PAST) et d’origines disciplinaires (Information-communication, Lettres Modernes, Économie-gestion, etc.). Et bien souvent, nombre d’enseignant·e·s, bien que chercheur·se·s (titulaires ou associé·e·s), déconnectent leurs recherches de leur enseignement. Même si les IUT sont des établissements de recherche autant que d’enseignement, les LASHS y sont essentiellement présentes dans les départements tertiaires (information-communication métiers du multimédia et de l’internet, techniques de commercialisation, carrières sociales…). Dans les départements secondaires, les LASHS se limitent souvent aux enseignements de langues, de communication et de gestion.

Ces constats préliminaires nous conduisent à nous interroger sur les modalités du dialogue entre enseignement et recherche que permet le cours de communication : comment ce cours se nourrit-il de la recherche en Lettres, Arts et Sciences Humaines et Sociales (LASHS) ?

Questionnements

Parmi les orientations possibles, nous pourrons notamment nous poser les questions suivantes :

  • Si les enseignant·e·s puisent volontiers dans la recherche pour nourrir leur boîte à outils conceptuels, dans quelle mesure utilisent-ils/elles leurs propres recherches, lorsqu’ils/elles en produisent ? Comment, en tant que spécialiste, mobiliser une recherche hyper-spécialisée dans une, voire plusieurs disciplines académiques, pour cet enseignement à des non-spécialistes ? Comment par exemple articuler une recherche en littérature et arts à un enseignement de Communication ? Comment mobiliser ses objets de recherche, ses méthodes, à des attendus d’un cours de BUT ? Quels liens peuvent être établis ? Quels sont les freins à ce transfert ?
  • Par ailleurs, la visée du cours de Communication est également d’opérer une « distanciation critique vis-à-vis des pratiques socio-économiques, managériales et des dispositifs communicationnels en cours dans les organisations » (AECIUT, s. d.). Dans quelle mesure le lien avec la recherche peut-il constituer une voie de contournement voire une résistance au formatage des compétences communicationnelles dans le monde socio-économique ? Quels aspects de la recherche en LASHS peuvent concourir à la formation à l’esprit critique, par exemple à la maîtrise critique des différents genres discursifs ?
  • En outre, comment la recherche en LASHS peut-elle conduire à faire du cours de Communication un espace d’innovations, non seulement dans le sens d’un croisement des approches, mais aussi dans celui d’un refus de la normalisation (Foucault, 1975) et de la mise en œuvre d’une « intelligence collective de l’émancipation » (Rancière, 2008, p. 55) ? Les LASHS pourraient ainsi jouer un rôle de transformation sociale : en effet, le développement de l’esprit critique des étudiants « stimule leur exigence éthique » et « de fait leur capacité à s’opposer aux injustices », ce qui, à terme, « permet de déceler des impensés organisationnels qui freinent la pratique d’un management égalitaire et équitable et entravent le bon fonctionnement (et donc la performance) de l’entreprise » (Bruna et al., 2017).
  • Plus largement, comment la recherche en LASHS permet-elle de penser autrement les notions qui sous-tendent cet enseignement : « communication », « culture », « humanités », « rhétorique », « média » etc. ? Et comment le terreau didactique indisciplinaire du cours de communication peut-il, en retour, influencer des questionnements ou des orientations de recherche ? De telles réflexions inviteraient alors également à repenser les champs académiques dans cette perspective d’ouverture : le cours de communication peut-il permettre de penser sa discipline de recherche autrement que dans le cadre des travaux de son laboratoire, et à faire un pas de côté sur ses pratiques de chercheur·euse ?

Attentes

Si notre propos est ici centré sur les IUT, pris comme exemples emblématiques, cet appel n’en reste pas moins ouvert à toutes les formations proposant des enseignements de communication dans le supérieur. Les contributions attendues pourront proposer une réflexion de fond, ou des études de cas sur les liens effectifs réalisés entre recherche en LASHS et enseignement. Toutefois, l’analyse de pratiques devra s’accompagner d’une mise en perspective globale sur l’enseignement de communication et/ou sur la définition même des domaines de recherche.

Modalités de contribution

Les propositions d’articles (3000 signes espaces compris avec 3 à 5 mots-clés) seront à déposer sur la plateforme Numerev avant le 20 décembre 2022.

Après acceptation, les articles complets, d’une longueur maximale de 40 000 signes espaces compris, seront à transmettre suivant les mêmes modalités avant la fin avril 2023. Se reporter à la page des normes de rédaction avant de soumettre le résumé.

Évaluation

Les propositions seront évaluées en double aveugle par les experts mandatés par le comité scientifique de la revue.

Comité scientifique

  • Audrey Alvès
  • Sylvie Fabre
  • Clémentine Hougue
  • Fort Jean-Louis
  • Kanaan-Caillol Layal
  • Pascal Plouchard
  • Peggy Raffy-Hideux
  • Ivanne Rialland

Bibliographie

Alvès A. & Simon J. (dir). (2020). SIC, les sciences de l’information et de la communication en IUT : 35 fiches. Ellipses.

Bruna, M. G., Teulon, F., & Ramond, J.-P. (2017). Éveiller à l’éthique, stimuler l’esprit critique, vivifier la capacité d’indignation des étudiants : (Re)penser le management inclusif avec Mines Albi et l’IPAG Business School. ESResponsable.org. https://www.esresponsable.org/article514.html

Citton, Y. (2017). Lire, interpréter, actualiser. Éditions Amsterdam.

Foucault, M. (1975). Surveiller et Punir. Naissance de la prison. Gallimard.

Rancière, J. (2008). Le Spectateur émancipé. La Fabrique.

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