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« La communication politique des protestations et des émotions »
Les 24 et 25 juin 2020, le Centre d’Études Comparées en Communication Politique et Publique (Ceccopop) tiendra son 26e colloque annuel à Paris en partenariat avec l’École Internationale d’Études Politiques de l’Université Paris Est – UPEC. Le colloque se focalisera sur le rôle de la communication politique dans l’étude des protestations, des manifestations et des démonstrations anomiques d’émotions.
Partout dans le monde, nous avons assisté à la montée de protestations et d’expressions de passion en opposition aux structures de pouvoir dominantes, aux dirigeants et aux décisions des élites. De nouveaux dirigeants américains ou ukrainiens sans passé ni soutien politique traditionnel ont été élus, montrant, comme en France, que l’émotion a été un facteur majeur de la décision individuelle de voter (Foucault, 2017). Des manifestations ont eu lieu dans des démocraties établies de longue date, des démocraties en transition et même dans des pays non démocratiques, invoquant de nombreuses formes de communication. Printemps Arabes, manifestations, phénomène dit des « gilets jaunes » et grèves apparemment sans fin en France, Marche des Femmes aux États-Unis, pétitions et marches californiennes ou australiennes sur le changement climatique, rassemblements xénophobes dans maints pays européens, partis populistes italiens ou indonésiens au pouvoir, manifestations en Inde contre les lois discriminant les musulmans, ces dernières années ont vu les protestations et les émotions envahir la sphère politique en s’appuyant sur la toute nouvelle gamme d’outils octroyée par les médias traditionnels auxquels se sont ajoutés les réseaux sociaux.
L’action anomique est généralement le résultat d’une certaine frustration concernant les canaux politiques réguliers, c’est-à-dire un échec de communication entre les gouvernés et le gouvernement. Platon prévient que : « Quand la révolution vient, elle peut sembler provenir de petites causes et de petits caprices ; mais bien qu’elle puisse résulter de petits événements, il s’agit du résultat accumulé de torts graves et accumulés » (Bloom, 1968, 556). De même, les protestations découlent d’un sentiment de blessure ou de menace. Elles peuvent être violentes ou pacifiques ; rechercher le changement ou essayer de revenir aux schémas dominants de privilèges ou de pouvoir ciblant des élites gouvernementales, économiques, religieuses ou culturelles particulières. De plus, des contre-protestations peuvent survenir fondées sur des questions sociétales à résoudre ou sur des valeurs morales. Dans tous ces cas, la protestation est essentiellement une action de communication pleine d’émotions. Historiquement, les émotions et la cognition/raison ont été considérées comme des phénomènes désincarnés et séparés, mais les recherches actuelles soutiennent qu’il s’agit de processus de compréhension et de création de sens intégralement liés (Marcus & al., 2000, Jasper, 2018). À travers le prisme de la communication politique, les chercheurs peuvent explorer le cadrage des protestations, ou les identités qui sont mises en avant, et les agendas qu’elles définissent, qui sont tous des facettes de la communication politique.
Quelques questionnements possibles. Quels outils de communication aident à diffuser ou contenir les mouvements de protestation ? Quels messages émotionnels sont repris dans la couverture médiatique des protestations ? Quelles émotions s’expriment dans quelles conditions et par qui ? Quelles sont les implications pour la gouvernance de la propagation des protestations émotionnelles ? Quelles émotions sont exprimées verbalement, visuellement, oralement, symboliquement ? Quelles sont les émotions qui poussent les gens à protester ? Comment les dirigeants se servent-ils d’appels affectifs pour fomenter, canaliser ou réprimer les protestations ? Comment certains dirigeants parviennent-ils à canaliser les émotions afin d’obtenir ou de maintenir leur pouvoir ? Les réseaux sociaux ont-ils encouragé les protestations et comment se comparent-elles à celles d’il y a un siècle, lorsque le populisme et le nationalisme progressaient ?
Ces questions centrales feront l’objet du colloque international de communication politique comparée qui se tiendra à Paris sous l’égide du Centre d’Études Comparées en Communication Politique et Publique (www.ceccopop.com) les 24 et 25 juin 2020 en partenariat avec l’École Internationale d’Études Politiques de l’Université Paris Est – UPEC. Cette manifestation scientifique réunira des chercheurs et des professionnels de la communication de plusieurs pays.
La conférence est organisée par Philippe J. Maarek, professeur spécialisé en communication politique à l’Université Paris Est Créteil (UPEC), ancien président des sections de recherche en communication politique de l’IPSA et de l’IAMCR, membre associé du Sic.Lab Mediterrannée, ancien membre de l’Institut des Sciences de la Communication du CNRS, et directeur du CECCOPOP. Il en assure sa coordination scientifique avec Ann Crigler, professeur de science politique et de relations internationales à l’Université de Californie du Sud et Marion Just, professeur émérite au Wellesley College.
L’événement sera bilingue, français-anglais. Les collègues souhaitant présenter un article sont invités à envoyer une demande de participation avant le 25 février 2020, à l’adresse e-mail suivante : ceccopop@gmail.com.
Les propositions doivent inclure un résumé de 250 à 500 mots et un Curriculum Vitae d’une page maximum. Elles devraient articuler clairement leur question centrale, les approches théoriques et méthodologiques, les données qui seront utilisées pour justifier l’argumentation, et les implications plus larges du travail pour l’étude de la communication politique. Elles feront l’objet d’une évaluation en double aveugle par le conseil scientifique.
Les participants seront informés de leur acceptation au plus tard le 20 mars 2020. Les communications doivent être présentés en Anglais ou en Français avec l’appui d’un PowerPoint dans l’autre langue. Les présentations PowerPoint basées sur les propositions acceptées devront être envoyées le 15 juin 2020. Les frais d’inscription des intervenants seront de 120 euros pour couvrir les dépens organisationnels et le déjeuner. Les participants doivent s’assurer individuellement de leur propre logement à Paris.
Références / References :
Foucault, Martial, 2017, « Le clivage gauche-droite n’a pas disparu« , Le Monde, Sept 2, 2017.
Jasper, James M. 2018. The Emotions of Protest. Chicago: University of Chicago Press.
Marcus, George, W. Russell Neuman, & Michael MacKuen. 2000. Affective Intelligence and Political Judgment. Chicago: University of Chicago Press.
Plato. The Republic. 1968. Ed. And Trans. Allan Bloom. New York, NY: Basic Books.
Direction Scientifique / Scientific Direction
Ann Crigler, University of Southern California, USA
Marion Just, Wellesley College, USA
Philippe J. Maarek, Université Paris Est – UPEC & Ceccopop, France
Conseil Scientifique / Scientific Board
Camelia Beciu, Université de Bucarest, Roumanie/Romania
W. Lance Bennett, University of Washington, Etats-Unis/USA
Donatella Campus, Università di Bologna, Italie/Italy
Eric Dacheux, Université de Clermont Auvergne, France
Dana R. Fisher, University of Maryland, Etats-Unis/USA
Denisa Hejlova, Charles University, République Tchèque/Czech Republic
Christina Holtz-Bacha, Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg, Allemagne/Germany Julio Juarez Gamiz, UNAM, Mexique/Mexico
Anna Matulková-Shavit, Charles University, République Tchèque/Czech Republic
Paolo Mancini, Università di Perugia, Italie/Italie
Lars Nord, Midwestern University, Suède/Sweden
Edoardo Novelli, Università degli Studi Roma TRE, Italie/Italy
Yves Palau, Université Paris Est – UPEC, France
Stylianos Papathanassopoulos, National and Kapodistrian University of Athens, Grèce/Greece
Nicolas Pelissier, Université Côte d’Azur, France
Brigitte Sebbah, Université de Toulouse 3, France
Ioanna Vovou, Panteion University, Grèce/Greece
Claes de Vreese, University of Amsterdam, Pays-Bas/Netherlands
Organisation / Organization
Philippe J. Maarek, Université Paris Est – UPEC &
Ceccopop, France